Historien : Rémy Pech
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Spécialiste d'histoire rurale, il a publié des études sur l'histoire des vignerons du Midi et sur l'action de Jean Jaurès en faveur des paysans et pour la langue occitane. Il vient de publier notamment chez Privat, "Jaurès paysan" et il a co-dirigé l'édition "Jaurès, L'Intégrale des Articles de 1887 à 1914 publiés dans "La Dépêche".
Rémy Pech . Eléments de ma vie.
Je suis né à Vinassan, village viticole de 700 habitants ( alors!) à 6 km de Narbonne et 12 de la mer.
Mon papa, Guy Pech ( 1921-2004) est ouvrier agricole, jusqu'en 1959, date à laquelle il entre comme OS ( chauffeur de chaudière) à l'usine COMURHEX ( raffinage de l'uranium) de Narbonne.
Ma maman , Gaby Raynaud ( 1923-2012) auxiliaire PTT ( facteur intérimaire, porteuse des télégrammes), quelque temps employée de maison, et mère de famille..
Guy Pech travaille en priorité, en tant qu'ouvrier journalier, les terres de son père André Pech ( 1897-1976) soit 3 ha 97 ares de bonnes vignes de plaine ( 500 hl de récolte moyenne). Il complète en se louant « à prix fait » chez les grands propriétaires du Narbonnais, dans une « colle » composée essentiellement d'anarchistes issus du bourg voisin de Coursan. L'été il « lève le sel » à la pelle ( 38 tonnes par jour) sur les salins de Gruissan et Campignol. Il est apprécié pour sa force physique et son habileté à tailler ( même les arbres des allées, dans les domaines). Il participe aussi aux travaux de la distillerie de Vinassan alors très active. Il est « instruit », ayant fréquenté le collège classique de Narbonne jusqu'en première. Peu ardent aux études il les quitte en 1939 pour assurer la survie de la propriété, son père étant mobilisé ( classe 17 des bi-poilus).
Gaby sa femme est titulaire du certif d'études mais n'est pas allé plus loin car son père est mort en 1936 et sa mère, Suzanne ( 1894-1966) doit prendre une petite épicerie en gérance à Vinassan. Elle l'aide et travaille aussi à la mairie et à la poste, de façon non permanente. Elle élève 5 « enfants uniques » selon son mot, échelonnés de 5 ans en 5 ans à partir de moi, l'aîné.
Mariés en 1943 ils habitent la petite épicerie donnant sur LA place du village . J'y suis né et cela a bien modelé mon caractère : fasciné par les boîtes de conserve et de lessive, il paraît que j'ai appris à lire tout seul en surveillant les achats. Je crois surtout que mon goût de la convivialité vient de cette boutique où passait beaucoup de monde.
De 1948 à 1954, je fréquente l'école laïque de Vinassan et j'ai la chance de la maternelle au cours moyen d'avoir ( sauf une année) la même institutrice Mme Paule Calvayrac, qui couve mes aptitudes à l'étude, au calcul et m'apprend à chanter. Elle me présente au concours d'entrée en 6ème du Cours complémentaire de Narbonne où j'entre en 1954.
J'ai des profs-instits animés de la foi laïque et de l’idée de l'école libératrice. Très exigeants, mais très efficaces. Ils m'amènent sans coup férir à L'Ecole normale de Carcassonne où j'entre (2ème sur 25 )en 1959. Initié au rugby j'envisage alors une carrière d'insti dans les Corbières ou le Minervois, mais mes profs, le directeur M. Mufti et mon papa m'obligent à me transférer à Montpellier pour passer le bac « Philo » et ensuite préparer l'ENS de Saint-Cloud où j'entre (3 ème sur 50) en 1964.
A Montpellier je joue beaucoup au rugby et je rencontre Monique ( 1944-2005). Nos destins sont tracés y compris en études ( ipésienne, elle me rejoint à Paris après notre mariage en 1965 et sera agrégée d'histoire ).
A Saint-Cloud j'ai des profs extraordinaires qui fortifient mon goût de l'histoire et me donnent les clés du métier. M'ont particulièrement marqué Albert Soboul, Pierre Lévêque et les deux assistants , le médiéviste Jean-Louis Biget et le moderniste Daniel Roche. Mes deux meilleurs camarades Georges Tate et Roger Chartier m'ont apporté beaucoup par leur culture musicale, et politique ( pour Chartier alors PSU). Je suis aussi à la Sorbonne Mollat du Jourdin, le géographe Pierre George et Ernest Labrousse qui fut un temps secrétaire de Jaurès, puis Louis Girard et Antoine Prost qui dirige ma maîtrise sur la vie politique audoise sous la IIIème (1967).
J'obtiens l'agreg en 1968 ( en rang moyen 43ème) et je dispose d'une année pour lancer ma thèse du les crises viticoles en Languedoc. Inutile de décrire ma motivation. J'innove en dépouillant nombre d'archives privées ( mon père m'aide à prospecter les châteaux où il avait travaillé) J'utilise aussi des annuaires négligés par les historiens labroussiens. Mon patron Pierre Vilar, marxiste très pertinent et avec moi très paternel, est déçu par mes conclusions qui mettent en valeur la résistance de la petite exploitation à la concentration des terres inscrite dans Das Kapital. ( Thèse soutenue en 1973 avec Mendras et Agulhon au jury). Vilar veut m'envoyer à Nanterre chez Annie Kriegel mais devant accomplir le service militaire je décline l'offre.
Coup de théâtre je suis réformé lors des « 3 jours » d'incorporation, et le même jour Antoine Prost me recrute comme assistant à Tours.
Je suis donc bombardé, à 25 ans pas même, directo dans l'enseignement supérieur. Je n'ai donc jamais été scolarisé en lycée, ni exercé dans l'enseignement secondaire. Mon apprentissage avec les étudiants post 68 se passe très bien. Je milite beaucoup, au Snesup dont je deviens secrétaire local, au PS à partir de 1971, je suis même candidat à une cantonale où je fais 45 % au 2 ème tour ce qui n'était pas mal et pouvait me faire bifurquer mais nouveau coup de théâtre : après une candidature ratée à Aix en Provence, je réussis à monter une permutation avec Petitfrère qui étudiait depuis Toulouse les Chouans de l'Anjou. Le doyen Godechot est pour beaucoup dans ce transfert très exceptionnel à l'époque. Il m'adresse à André Armengaud et Rolande Trempé dont je deviens l'assistant. Le premier fortifie mon occitanisme en m'introduisant auprès de Rober Lafont pour leur ouvrage Histoire d'Occitanie ( 1979). La seconde m'oriente vers un enseignement ouvert au monde du travail, avec fréquentes visites d'usines et accueil de témoins ( résistants et syndicalistes ) dans nos cours. Je suis de nouveau responsable syndical et j'agis aussi à l'APHG pour organiser les stages de mises à jour des collègues de lycée et collèges de l'immense académie que nous sillonnons avec un minibus.
Installé à Ramonville en 1978, je milite au PS et devient adjoint délégué ( maire P. Cohen) de 1989 à 2001. Expérience très absorbante aux écoles, puis aux sports. Je réussis quand même à me faire habiliter en 1994, et j'exerce la Chaire Jean Monnet d'Histoire européenne de 1991 à ma retraite en 2010. Je crée plusieurs Erasmus, avec Bologne et Girone dès 1988, puis Oslo, Bath et Edinburgh ensuite.
A partir de 1998 j'entre dans une période de responsabilités administratives : directeur d'UFR j'assure l'accueil du département Archives médiathèques et Arts Plastiques. Puis je deviens président (voir mon article pour les mélanges Soulet).
En ce qui concerne la recherche, j'ai toujours tenu vive la filière « histoire viticole », organisant un grand colloque sur « La genèse de la notion de qualité des vins » à Florence où je passe un an détaché à l'Institut européen ( 1990-91) et dirigeant plusieurs mémoires sur les vignobles du Toulousain. Je crée avec Christian Béringuier « l'UV uvale » qui enchante les étudiants d'histoire et géographie par ses dégustations et visites de vignobles.
Mon deuxième patron de thèse, Maurice Agulhon, me confie un volet « Languedoc » de sa grande enquête sur le culte de Marianne et je produits quelques articles dans ce domaine, et j'anime avec Poumarède le collectif PAMBENEL qui ausculte la vie politique régionale ( 1987-89).
J'ouvre un champ nouveau d'histoire du sport en dirigeant avec Jack Thomas plusieurs dizaines de maîtrises sur le rugby régional.
Enfin je m'investis dans les études jaurésiennes, en mettant en valeur les positions originales du tribun en matière de réformes agraires et d'enseignements de langues « régionales ».
De 1989 à 1999, j'ai été président départemental de la Ligue de l'Enseignement (FOL), me consacrant surtout au Bicentenaire de la Révolution et à l'organisation de débats de société, aidé par Georges Mailhos et bien d'autres.
De 2004 à 2010 je suis conseiller régional avec Martin Malvy qui me confie le dossier Occitanie. Je travaille surtout à harmoniser les actions en la matière dans les départements où je fais de nombreuses visites et signe plusieurs conventions et je m’occupe aussi des relations avec le rectorat. Plusieurs écoles bilingues ouvrent y compris en site urbain.
Mon impression : une autobiographie de Rémy Pech qu'il vient d'avoir la gentillesse de m'envoyer.
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Rémy Pech : "La paix reste un combat de tous les jours"
De 2014 à 2018, on a beaucoup commémoré la Grande Guerre, mais finalement très peu décrypté la paix en 2o19 comme les Amis de Jaurès que vous présidez ont choisi de le faire. Parce que la p...
https://www.ladepeche.fr/2019/06/14/remy-pech-la-paix-reste-un-combat-de-tous-les-jours,8256266.php
Comme Jean Jaurès, Rémy Pech est un des ardents défenseurs de la Paix entre les peuples.
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L'église de Vinassan - Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée
Pour télécharger l'application La Clape Insolite , rendez-vous sur Google store ou App Store et recherchez : Clape Insolite. Située au cœur du village, l'église de Vinassan possède une abside...
Rémy Pech est attaché à ses origines narbonnaises
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Toulouse. Rémy Pech, "légionnaire" laïque et engagé
Rémy Pech, ancien président de l'université de Toulouse-Le Mirail, personnalité engagée reconnue dans tout le Grand Sud, a été décoré des insignes de chevalier de la Légion d'honneur remi...
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Rémy Pech a toujours défendu l'idéal laïque humaniste
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Les premiers édifices chrétiens n'ont qu'un nom , ecclesia . Les évêques voudront un édifice particulier , une église , qui deviendra cathédrale ( de cathèdre , nom du siège de l'évêque ...
Rémy Pech est Président de l'association "Amis de Jaurès Toulouse".

Résumé
Trois décennies de progrès techniques avec l'électricité, l'avion, l'automobile, le cinéma. Trois décennies de crises, de bruits belliqueux et de fureurs nationalistes. À la lumière de ces mille pages écrites d'une plume alerte, mais toujours mûrement pensées et pesées, défilent les images de ce qui ne fut ni une belle époque, ni une apocalypse joyeuse, mais un temps de dur labeur et de chômages forcés, de colonisations et de déracinements, d'amours et de haines entre les hommes, entre les peuples. Et sur cette époque qui ressemble tellement à la nôtre, le regard ardent et tranquille d'un paysan cultivé, d'un homme de parti sans parti pris, d'un lutteur réprouvant toute violence. D'un homme capable de s'émerveiller devant les beautés du monde, comme de s'indigner face aux oppressions, aux agressions, aux inégalités redoublées. Ce regard, ces analyses portées par une vision limpide du passé et une prescience étonnante de l'avenir, sont ici mis pour la première fois à la disposition de chacun. L'élaboration des lois laïques, la défense des droits de l'homme, les conflits du travail et ceux de la misère paysanne, les joutes électorales, les tensions internationales, l'art et la littérature reprennent vie sous nos yeux. Mais il est question aussi, déjà, de la conquête de l'espace, des droits politiques des femmes, du respect des civilisations et de la nature. Non, le grand tribun assassiné en 1914 n'a pas vécu en vain. Il ne cessera de nous délivrer son message de générosité, de solidarité, d'humanité. Sachons le recevoir !
Sommaire
- LE JEUNE REPUBLICAIN DEVIENT SOCIALISTE
- LUTES SOCIALES , COLLECTIVISME, DEMOCRATIE
- PRIORITE AU COMBAT POUR LA REPUBLIQUE
- JEAN JAURES, LE LISEUR DE LA DEPECHE
- LA REFORME NECESSAIRE, L'UNITE ACCOMPLIE, LA PAIX PROJETEE
- LE COMBAT POUR LA PAIX
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Cet ouvrage prépare à la nouvelle question d'histoire au programme du CAPES d’histoire-géographie, de l’agrégation d'histoire et à celle de géographie.
Le travail artisanal et industriel prend des formes multiples en Europe occidentale entre le début du xixe siècle et les années 1930. Logiquement, en ces temps de « révolutions industrielles », les ouvriers des grandes usines ont longtemps concentré les regards des contemporains, des économistes, des philosophes et des historiens. Ce manuel fait le point sur ces approches très denses. Mais depuis la fin du xxe siècle il existe aussi un important renouveau historiographique reposant sur la mobilisation d’archives plus fines, exploitées dans des démarches micro-historiques. Il en résulte une nouvelle vision des processus d’industrialisation à l’œuvre au sein des sociétés européennes. Ainsi, la persistance, voire le renouveau, de certaines formes de production proches de l’artisanat souligne les limites du système usinier. De plus, la place des femmes et des ruraux dans ces processus d’industrialisation douce, ou invisible, est de mieux en mieux évaluée. En effet, il existe entre l’artisanat et l’industrie une multitude de structurations plus complexes du travail, appelées proto-industrie ou établissage ou encore « production en parties brisées », qui se montrent souvent compétitives. Le petit atelier et le travail en chambre ne sont donc pas toujours synonymes de misère croissante. Plus récemment, la relecture des diverses grandes enquêtes ouvrières permet d’approcher de plus près les gestes des acteurs, et de mieux en mesurer la pénibilité. Enfin, les comparaisons internationales se sont multipliées, révélant des voies nationales, ou même régionales, mais aussi une volonté internationale de défendre les intérêts des travailleurs grâce à de nouvelles grandes organisations transfrontalières comme l’OIT. Cet ouvrage qui rassemble dix auteurs spécialistes de ces questions rend compte de cet important renouveau de la recherche.
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Une histoire illustrée de la ville de Toulouse depuis l'époque féodale, en passant par le siècle d'or grâce à l'exportation du pastel au XVIe siècle ou sa forte industrialisation au lendemain de la Première Guerre mondiale.
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Mars-juin 1907 : la révolte gronde dans le Midi viticole, de Perpignan à Nîmes. Des comités d'action viticole se forment, des leaders surgissent, des maires démissionnent, les villes accueillent des centaines de milliers de manifestants, des émeutes éclatent, on relève des morts. L'armée est appelée à la rescousse pour rétablir l'ordre. La région est pourtant pleinement républicaine, mais elle est poussée au désespoir par la mévente du vin. L'un des régiments, le 17e d'infanterie de Béziers, refuse de tirer sur les viticulteurs insurgés, et se mutine. C'est l'apogée d'une crise ; la France retient son souffle.
Les mutins sont envoyés en punition à Gafsa, en Tunisie et Clemenceau rétablit le calme. Mais la révolte du Midi et la mutinerie du 17e régiment sont entrées à jamais dans la mémoire collective.
Ce livre retrace le contexte et le déroulement de cette page ignorée de l'Histoire de France. Sa force tient au choix de mettre à l'honneur la parole des mutins : plusieurs d'entre eux ont rédigé à chaud des carnets qui font entendre, parfois en occitan, la voix d'un peuple qui se saisit de son destin.
Rémy Pech, professeur d'histoire contemporaine et ancien président de l'Université du Mirail (Toulouse), est un spécialiste de la viticulture languedocienne et des événements de 1907.
Jules Maurin, professeur émérite d'histoire contemporaine et ancien président de l'Université Paul Valéry (Montpellier), est un spécialiste de l'histoire de la conscription et de l'armée sous la Troisième République. Ils ont contribué ensemble à la réalisation d'un téléfilm sur la révolte des vignerons.
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Ce lundi au collège Bertrand Laralde de Montréjeau, les classes de 4e et une dizaine d'adultes ont assisté à une conférence sur l'évocation de la vie de Jean Jaurès. Étudié en histoire dans la classe de Dominique Rech professeur agrégé d'histoire, aujourd'hui c'est avec Rémy Pech professeur émérite, ancien professeur de l'Université Toulouse Mirail et ancien président de cette Université de 2001 à 2006 que les élèves vont assister à une conférence sur la vie de Jaurès.
Dominique Rech en avant-propos invite les élèves à prendre des notes. Avec Rémy Pech les élèves vont découvrir la vie de Jean Jaurès cet enfant né à Castres (81) le 3 septembre 1859 dans une famille de la petite bourgeoisie. Ce brillant élève parviendra à l'École Normale Supérieure et à l'agrégation de philosophie, avant de commencer une carrière politique comme député républicain. En toute simplicité Rémy Pech va décrire un homme de la ruralité. Plus jeune député il sera influencé par la politique économique, les crises successives dans l'industrie, les scandales financiers qui déjà faisaient apparaître le nom de «Panama». Il sera un grand défenseur de l'école laïque. Il s'intéressera aux conditions de vie des ouvriers de la mine. Il va œuvrer à construire une société plus solidaire. Devenu socialiste il sera sollicité par les mineurs de Carmaux (81) pour les élections de 1 893. Cet apôtre de la paix aura pris une part importante dans la loi de 1905 de séparation de l'État et du clergé, il a également soutenu la mise en place du tribunal international de La Haye. Il mourra assassiné le 31 juillet 1914 à Paris par Raoul Villain. Jaurès martyr de la paix entrera au panthéon le 31 juillet 1936 porté par des mineurs de Carmaux. Dans sa conclusion Rémy Pech lira la fin du discours de Jaurès s'adressant aux jeunes en 1903 à Albi où le mot «courage» prend tout son sens. Ce discours est plus que jamais d'actualité. On notera la présence de René Lloret secrétaire général des Amis de Jaurès. Une approche est faite pour développer les Cafés de Jaurès (rencontres-débats) en Comminges.
Source : https://www.ladepeche.fr/article/2016/05/25/2351470-college-la-pensee-de-jean-jaures-reste-d-actualite.html
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Tribune. Éthique et mesures sanitaires en pandémie ou le nouveau contrat social
Tribune de Vincent Misrai, médecin, et de Rémy Pech, historien. Assimilés à tort ou à raison à nos parents frappés par la grippe " espagnole ", nous faisons tragiquement face comme nos aîn...

Au cours des trois décennies (1885-1914) durant lesquelles se déroule le parcours politique de Jean Jaurès, la République se construit en même temps que s'affirment les principes qui la fondent. Démocratique, laïque, pas encore sociale, tiraillée entre l'impératif de la Revanche et le choix de l'aventure coloniale, brutalisée mais finalement affermie par l'affaire Dreyfus, elle est l'enjeu du débat, fait de connivences assumées mais aussi de confrontations sans concession, qui va opposer l'acteur résolu de l'unité des socialistes et les radicaux. Les dissensions entre les deux forces politiques qui constituent la gauche - le socialisme et le radicalisme - n'empêchent pas Jaurès de s'affirmer socialiste dès 1892 tout en poursuivant sa collaboration à La Dépêche, qui fait figure à l'époque de journal officieux sinon officiel du radicalisme. Ses articles rédigés de 1887 à 1914 dans le quotidien toulousain - auquel Georges Clemenceau et Camille Pelletan apportent également leur contribution - constituent une source précieuse pour éclairer cette page d'histoire, mais aussi alimenter des débats qui restent très actuels : la conception de l'État, la laïcité, la conduite d'une politique économique et sociale, la pratique de la diplomatie et la place de la France dans le monde. Jaurès et les radicaux est un ouvrage passionnant, émaillé de citations et imprégné des valeurs politiques et morales qui fondent notre démocratie. Bien au-delà des curieux du passé républicain, il intéressera tous les citoyens conscients des enjeux d'aujourd'hui et soucieux de l'avenir de notre pays.
Professeur d'histoire contemporaine et ancien président de l'université de Toulouse-Le-Mirail Rémy Pech est spécialiste d'histoire rurale. Il a publié diverses études sur l'histoire des vignerons du midi et sur l'action de Jean Jaurès en faveur des paysans et pour la langue occitane. Il a publié aux Editions Privat Histoire de Carcassonne / Nouvelles histoires de Toulouse (2002), 1907 les mutins de la République (2007), Jaurès paysan (2009), Jaurès, la Dépêche (2009).

Un siècle et demi à peine nous sépare de la naissance de Jaurès, le 3 septembre 1859 à Castres. Sa grande voix résonne encore aux oreilles des citoyens du XXIe siècle. Il reste comme le porte-parole du monde ouvrier et l'unificateur du socialisme français, le défenseur de la justice et de la vérité à travers sa campagne pour Dreyfus, l'apôtre de la paix au prix de son existence, brutalement arrêtée le 31 juillet 1914. Pourtant, une part importante de sa vie personnelle, mais aussi de son engagement et de sa façon d'appréhender les problèmes de son temps ont été sinon complètement occultés, du moins fortement minimisés. Il s'agit de son appartenance au monde paysan. Lui-même se définissait comme un paysan cultivé. Analyser aujourd'hui cette particularité n'est pas seulement faire œuvre d'érudition et de mise à jour. C'est en effet montrer également l'engagement résolu de Jaurès au moment où disparaissent les derniers authentiques paysans, et où s'installent les pires inquiétudes à propos de l'environnement et du développement économique. Sa lutte pour transformer sans détruire les campagnes - dont il percevait quel instrument irremplaçable d'équilibre et de progrès elles pouvaient devenir dans le monde industriel - constitue une leçon et un exemple.

Un homme complexe, ce Tigre ! C'est à bon droit que l'Histoire retient de Georges Clemenceau la stature de l'homme politique, du premier « flic de France » et du père de la victoire de 1918.
En parcourant l'intégrale de ses 783 articles parus de 1894 à 1906 dans La Dépêche, on vit un temps de maturation où le tombeur des ministères se métamorphose en homme de pouvoir, soucieux de l'ordre, certes, mais toujours imbu d'une laïcité libératrice, d'une compassion pour les humbles, d'une révolte contre les oppressions coloniales. On retrouve, sous cette plume acérée, un grand nombre de débats étonnamment présents dans notre actualité après plus d'un siècle. Pour éclairer cette fresque, deux professeurs émérites de l'université de Toulouse, trois jeunes chercheurs et deux éminents politiques ont uni leurs talents.
Avec la contribution de :
Jean-Noël Jeanneney, historien et politologue de l'université de Paris I, a été ministre, président de la Bibliothèque nationale de France et président de Radio France et de RFI. Il produit et anime l'émission « Concordance des temps » sur France Culture. Il est également Responsable de la mission du Bicentenaire de la Révolution et de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (1988-1989). Sa préface présente Clemenceau, homme de plume et de presse.
Pierre Joxe est ancien ministre, notamment de l'Intérieur et de la Défense, ancien premier président de la Cour des comptes et membre du Conseil constitutionnel. Au barreau de Paris depuis 2010, il défend les droits des mineurs en tant qu'avocat commis d'office. Il est également secrétaire général de la fondation Clemenceau. Sa préface analyse les positions anticolonialistes de Clemenceau.
Georges Mailhos et Rémy Pech, qui ont assuré l'établissement des textes, la coordination de l'ouvrage et des index, sont professeurs émérites de l'université de Toulouse-Le Mirail, qu'ils ont présidée successivement au cours des dernières décennies. Ils ont contribué à l'édition de Jaurès, L'intégrale des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche (Privat/La Dépêche, 2009).
Céline Piot, docteur en histoire contemporaine à l'université de Bordeaux III, est professeur d'histoire et de géographie au lycée Charles-Despiau de Mont-de-Marsan.On découvre avec elle, Clemenceau sous l'angle du « défenseur des libertés et de la justice sociale », animé par le souci de la lutte contre les inégalités sociales.
Marie Aynié, agrégée et docteur en histoire, a consacré sa thèse à l'étude des formes d'engagement (lettres, pétitions, manifestations, souscriptions.) des « inconnus » dans l'affaire Dreyfus (Les Amis inconnus. Se mobiliser pour Dreyfus 1897-1899, Privat, 2011). Ses recherches actuelles portent sur la construction de l'opinion au XIXee siècle, sa formation par les médias et ses formes d'expression populaires. Elle aborde le combat de Clemenceau pour l'affaire Dreyfus.
Mathieu Soula est maître de conférences en histoire du droit à l'université de Pau et des Pays de l'Adour. Il nous présente Clemenceau de retour dans la mêlée politique, « sa véritable vie, son véritable métier ».
Mon opinion : Un ouvrage riche et original par son approche archiviste, que j'ai eu la chance de recevoir en spécimen alors des Editions Privat de Toulouse. Ce fut d'ailleurs la première fois qu'un éditeur m'offrait des livres, initiative que j'ai depuis généralisé aux autre maisons d'éditions avec succès et surtout grand plaisir.

Cet ouvrage a une ambition forte. Répertoriant les principaux « points de fixation » de la mémoire du département de la Haute-Garonne et dressant l'inventaire vivant de leurs usages sociaux, il effectue une lecture transversale du département sur le plan géographique et historique, interroge l'histoire des conflits qui y ont fait rage depuis plus de sept siècles et retrace les temps forts de son patrimoine politique, social, industriel, culturel, intellectuel, rural, sportif. Fruit du travail collectif d'une vingtaine d'universitaires du Midi, du conservateur des Archives municipales, de la collaboration du Conseil général de la Haute-Garonne, de sa direction des Archives départementales et du musée départemental de la Résistance et de la Déportation, ce livre s'emploie à mesurer la force du rapport affectif, voire passionnel, que les habitants de la Haute-Garonne ont entretenu et entretiennent encore aujourd'hui avec leur passé, un passé pluriel dont la connaissance conditionne, pour le département, la maîtrise de son avenir.
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Le 25 mars 1871, la Commune révolutionnaire de Toulouse est proclamée et la population affiche son soutien à la Commune de Paris, tout en souhaitant une conciliation avec le gouvernement de Versailles. Deux jours plus tard, les insurgés se dispersent et l'un d'eux est nommé maire. Bref et non sanglant, l'évènement est rapidement tombé dans l'oubli.

A Toulouse, comme partout en France, la période 1945-1975 est un curieux mélange entre un proche passé, encore empreint de ruralité, et une aspiration à la modernité et à la vie citadine. Ce contraste se lit dans l’architecture comme dans la vie quotidienne, dans les activités artisanales comme dans l’expansion industrielle. Mais Toulouse est aussi, déjà, une ville ouverte sur le monde, où se croisent personnalités politiques internationales et vedettes de la chanson et de cinéma.
Le livre est majoritairement composé de documents encore jamais publiés et chaque thématique est présentée par un texte de Rémy Pech qui restitue le contexte toulousain dans ses aspects historiques et culturels. Toulouse comme vous avez oublié l’avoir connu ! Toulouse au temps des Trente Glorieuse comme vous si vous étiez !
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Ces vers des Fleurs du mal de Baudelaire en 1857 s'appliquent pleinement à Montpellier, qui, dans les dernières décennies, a profondément changé. Il était nécessaire de rendre compte non seulement de la métamorphose de la capitale du Languedoc administrée par Georges Frêche, mais aussi des apports considérables à la connaissance du Montpellier médiéval, moderne et contemporain résultant des fouilles des chantiers du tram et des derniers travaux savants. Pour composer cette somme rigoureuse et accessible au grand public, les auteurs de cet ouvrage, universitaires de renom, ont resitué les figures de proue montpelliéraines dans tous les secteurs de la vie nationale : politique, avec Cambon, Cambacérès et Chaptal, au pouvoir dans une période cruciale ; artistique, de Frédéric Bazille à Pierre Soulages et Vincent Bioulès ; philosophique, avec Auguste Comte ; littéraire, de Jeanne Galzy à Frédéric-Jacques Temple et Jean Joubert. Ils dressent également l'inventaire général de ce qui a contribué au rayonnement universel de la ville : sa faculté de médecine ; la langue d'oc en partage - dont l'oeuvre de Max Rouquette constitue la plus belle illustration - ; enfin l'ouverture aux étrangers - étudiants en médecine depuis l'époque médiévale, Juifs de l'Europe de l'Est chassés par les pogroms, Italiens antifascistes, réfugiés espagnols de la Retirada, pieds-noirs et harkis après 1962, immigrés du Maghreb. Sous la direction de Christian Amalvi et Rémy Pech, les auteurs ont fait de cet ouvrage le miroir des mille soleils de Montpellier.
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Ce livre est conçu comme l'histoire du parcours complet de celui qui avait été choisi pour être le maire de Toulouse à la Libération.
Réalisé à partir d'archives régionales et nationales, il traite de toutes les facettes d'un homme qui fut tout à la fois un enseignant du lycée à l'université, un spécialiste du siècle des Lumières et particulièrement de Voltaire dont il révolutionna la lecture dans une thèse qui fait encore autorité aujourd'hui. C'est aussi l'histoire d'un citoyen engagé dans le syndicalisme enseignant, dans le mouvement socialiste, dans la droite ligne de Jaurès et qui prit part à tous les combats sociaux et politiques de l'avant-guerre et particulièrement dans le soutien à la République espagnole avec le souci permanent de sauvegarder la démocratie et d'éviter un nouveau conflit mondial dans un esprit profondément européen.
Une large part est faite à la période qui, de 1940 à 1944, allait conduire l'officier désemparé par la défaite et refusant l'armistice et la fin de la République à s'engager en résistance au sein du Comité d'Action Socialiste et du réseau Brutus.
Appelé à exercer d'importantes responsabilités régionales, favorable à l'union des forces résistantes, il poursuivit ses fonctions d'enseignant et produisit de nombreux ouvrages durant les années noires. C'est pour terminer son cours d'agrégation sur Proust qu'il refusa d'entrer dans la clandestinité ce qui le conduisit vers son tragique destin de son arrestation en février à sa mort à Auschwitz en mai 1944.
Raymond Naves, un humaniste en résistance est le premier ouvrage consacré à cet homme, dont la vie fut doublement portée par son engagement dans l'enseignement et dans le combat pour la liberté.
Mon avis : Voici un témoignage sympathique que mon ancien professeur Rémy Pech vient de m'envoyer sur ses rapports avec le célèbre doyen de Toulouse, Jacques Godechot.
Mes souvenirs sur Jacques Godechot
D'abord personne ne l'appelait Jacques. C'était le Doyen « de toute éternité », sic Rolande Trempé que je titillais sur cette allégeance surannée. Et sans doute Godechot avait régné sur la fac de Lettres de Toulouse en succédant au doyen Bastide vers 1958 et jusqu'à l'élection du premier président de Toulouse-Le Mirail, Joseph Verguin en 72 ou 73. Le côté « bâtisseur », j'en ai fait quelques évocations dans une histoire de l'Université de Toulouse Le Mirail à paraître. Et j'ai déposé aux Archives départementales de Toulouse, un carton récupéré lors de ma présidence. Godechot est resté directeur de la section puis UER Histoire jusqu'à son départ à la retraite en 79 ou 80 – il put prolonger après 68 ans du fait de sa révocation entre 40 et 44 (législation raciale de Vichy).
Jean Rives, l'un de ses étudiants préférés (thèse sur Doumergue) m'avait révélé son surnom : « le Nord » (peu affectueux donc).
Je le vis au printemps 1974 en son domicile proche du musée des Augustins, rue Antonin Mercié. Un peu intimidé. J'avais eu comme prof à l'ENS de St Cloud l'inoubliable Albert Marius Soboul qui était le gardien du temple révolutionnaire héritier de Mathiez, Lefebvre et, je crois me souvenir, assez sceptique sur le concept de « révolution atlantique » développé par Jacques Godechot. Je ne me rappelle que deux éléments de cette première conversation. Je lui objectais : mais vous avez de nombreux étudiants (tous les membres de la sous-section Histoire contemporaine en étaient Soulet, Estèbe, Rives...) et moi je suis un étudiant de Soboul... Il me rétorqua que justement il voulait diversifier (en réalité j'étais surtout l'instrument de l'installation réussie de Petitfrère à Tours sur son domaine de recherche) et enchaîna : que pensez-vous de M.Soboul ? Je fus sincère et ne lui cachai point ma vive admiration pour le prof, ses analyses certes marxistes mais pas téléologiques de la RF. Un fin sourire éclaira son visage émacié et il ponctua « c'est aujourd'hui le meilleur spécialiste de la Révolution Française». Je découvris donc leur réconciliation bien avant qu'elle soit « actée » pour résister à la pression des « néos » : les deux beaux-frères Richet et Furet (Richet bien connu de moi aussi).
Ce jour-là ou un peu plus tard (le vote unanime du Conseil d'Université ne tarda pas, on ne pouvait rien refuser au « Doyen ») nous parlâmes de mon « service » à venir. Godechot confia l'assistant de 28 ans que j'étais (avec déjà 5 ans de métier quand même) à deux profs très adaptés à mon tempérament et à mes préoccupations de chercheur : André Armengaud, grand démographe et ruraliste et Rolande Trempé, spécialiste des mineurs de Carmaux et de Jaurès. Godechot apprécia vite, je crois, mes qualités pédagogiques puisqu'il me confia à la rentrée 75 un TD pour les agrégatifs destiné à « compléter » le cours du professeur Jean Sentou ; il s'agissait de la croissance économique dans l'Europe du XIXè siècle.
Politiquement, dans ce Mirail perpétuellement en ébullition, Godechot avait une figure de « conservateur ouvert ». Sa stature nationale y était pour beaucoup : il avait présidé-par intérim-la conférence des doyens de Lettres en 68 et certains l'avaient affublé du titre de « doyen rouge » de façon très excessive. Il appartenait sans doute au Syndicat autonome (droite universitaire) mais n'y militait pas laissant Sentou, Lagarde (prof d'Anglais) et Mérimée (prof d'Espagnol) œuvrer pour que le Mirail ne sombre pas dans … l'anarchie ??? Le président Joseph Verguin élu avec l'appui du Snesup ne tarda pas à donner des gages à l'Autonome. Ce spécialiste du javanais partit vite recteur, nommé par Alice Saunier Seité et le Snesup dont j'ai d'emblée été un des responsables fit passer Emilien Carassus comme Président – mon cher Armengaud d'abord pressenti ayant renoncé pour raison de santé.
Politiquement le fond de JG c'était le gaullisme. Révoqué par Vichy pour raisons raciales (quoique converti au catholicisme et très pratiquant, il était juif et descendait de Goudchaux membre du gouvernement républicain de 1848!) il avait passé la guerre au Bousquet d'Orb (Hérault) où sa famille possédait une usine textile (non « aryanisée » semble- t- il, recherche à faire).
En 1977, militant PS depuis 71, j'étais suppléant sur une des trois listes municipales – Toulouse alors divisée en trois secteurs électoraux-d'Union de la Gauche emmenées par Savary. Chargé de collecter les signatures pour un appel je fis le pari (jugé téméraire par les copains) de faire signer JG... et j'y parvins, car Alain Savary résistant insigne, conquérant dès 1941 de St Pierre et Miquelon avait gardé une teinture « gaulliste 1940 » qui lui plaisait. Il m'a fallu quand même passer un oral sur la propreté de Toulouse, le traitement des déchets etc. Je me suis alors documenté chez Hubert Dubedout et son Groupe d’action municipale (GAM) de Grenoble dont il était déjà maire , très en avance au point de vue écolo...
Dans les mêmes années je militai beaucoup pour décloisonner la fac en direction des profs de lycées et collèges, prenant une part à l'organisation de stages bénévoles dans cette grande académie que nous sillonnions en minibus. Le recteur Chalin monté par l'un de ses adjoints jaloux de notre succès avait tenté, en 75, de me faire renvoyer dans le secondaire mais Godechot, ainsi que Kayser directeur de la Géographie et Taillefer administrateur provisoire de la Fac après le départ de Verguin m'avaient défendu avec succès.
En 78 je crois eut lieu une élection du directeur d'UER à laquelle se présenta contre lui mon « patron » Armengaud mais Godechot l'emporta haut la main, ses obligés étant très majoritaires tandis qu' Armengaud, présent à Toulouse depuis 1968 seulement, n'avait aucune clientèle même si son engagement à gauche lui valait des sympathies.
En 1989 je m’étais laissé convaincre par Pierrot Tournemire, secrétaire de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL 31), de prendre la tête du Comité Liberté Egalité Fraternité lancé par la Ligue de l’Enseignement au plan national pour fêter le Bicentenaire de la Révolution. Godechot accepta illico d’encourager les opérations de commémoration, donnant un petit texte et sa signature pour la brochure de lancement et se révélant très disponible pour la plantation d’arbres de la liberté. J’étais constamment sollicité pour organiser et intervenir d’un bout à l’autre du département, de Saint Béat à Villemur en passant par le Comminges et le Savès que je découvris à cette occasion. J’allais aussi, heureusement souvent suppléé ou secondé par Georges Fournier et Michel Taillefer, bien plus compétents par leurs recherches et leurs publications que moi-même, dans des classes de collège ou lycée pour traiter de ce grand événement et déboucher bien sûr sur les « Bastilles à prendre » en ces temps de mitterrandisme bien tempéré. C’est un des moments où, réunissant mon expérience pédagogique et mes convictions militantes, j’ai eu le plus l’impression de travailler au progrès de l’humanité. Et avec un plaisir personnel non dissimulé. Un jour j’ai été appelé pour donner une intervention dans un collège toulousain à Saint-Cyprien si je me rappelle bien (Maurice Bécanne). J’étais coincé par une autre obligation, et mes acolytes habituels aussi. J’eus le culot de déranger Godechot qui accepta d’autant plus facilement de me remplacer que l’un de ses nombreux petits-enfants était inscrit dans cet établissement et peut être dans la classe en question. Quel symbole de voir ce grand historien donner son dernier cours à une classe de quatrième d’un quartier alors populaire !
Dernier souvenir : j’appris la mort de Godechot par la radio alors que je me baladais dans le Minervois avec des amis et je rédigeais aussitôt un papier que mon ami Jean-Jacques Rouch passa le lendemain dans la Dépêche. Il faut dire que le décès survenant le 24 août, jour anniversaire même de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen avait de quoi émouvoir et même frapper. L’Etre suprême avait choisi son jour !
Rémy Pech
Ancien assistant à l’Université de Toulouse le Mirail
Ancien président du CLEF 31.