Roman historique : "Les chevelues" de Benoît Séverac

Dans la paisible cité de Lugdunum Convenarum (actuel Saint Bertrand de Comminges), poste avancé de la nouvelle province d'Aquitaine, une série de crimes touchant les jeunes nobles romains fait vaciller le fragile équilibre de la Pax Romana, voulue par Auguste.

Le centurion Valerius Falco n'a que quelques jours pour mener son enquête pour trouver le meurtrier et éviter un drame dont Lugdunum pourrait ne jamais se relever. La tâche lui étant rendue difficile par le 1e magistrat Hadrianus, sénateur républicain en exil, qui cherche à protéger sa situation personnelle et les familles des défunts qui ne veulent pas être importunées.

La situation va se compliquer quand le propreteur Rufus Riego est envoyé avec une une cohorte de  la légion romaine dépêchée de Tolosa. Les choses sont très claires pour lui : le coupable ne peut être que gaulois, un peuple qui, pour lui, ne comprend que la force.

La description de l'investigation est volontairement simplifiée pour valoriser des thématiques anthropologiques sensibles : les ambiguïtés de la relation entre envahisseurs et envahis, le mal du pays des soldats trop longtemps éloignés de leurs foyers, l'angoisse sourde de l'oppresseur perdu dans une contrée étrangère même quand celle-ci est pacifiée en apparence, le machisme des hommes.

Le véritable personnage principal, Valérius Falco, incarne avec subtilité ces différents sentiments, officier sensible et mélancolique, partagé entre sa sympathie pour les habitants de la région et son malaise profond face à ce pays troublant qu'il comprend mal et qui ne sera jamais le sien, quelle que soit la longueur de son exil.

C'est bien une réflexion sur les Empires comme le montre ce passage : " Je comprends mieux, maintenant, pourquoi Rome règne sur le monde connu. Elle conquiert, certes, mais va au-delà. Une fois un territoire soumis, si éloigné soit-il, elle n'a pas son pareil pour étendre ses tentacules. Elle envoie d'abord ses soldats, puis ses marchands et enfin son administration. Briser, séduire et tenir". Une phrase que l'on pourrait très bien attribuée au fonctionnement de l'empire colonial britannique du 19e siècle.

Benoit Séverac fait preuve d'une écriture agréable sachant rendre grâce aux paysages du bord de la Garonne et à la ligne blanche et glacée des Pyrénées. Un roman que je conseille !

Rome antique - Histoire Géographie

Dominique RECH

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