Streaming gratuit film "I comme Icare" d'Henri Verneuil (1979)
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Mon avis : un chef d'oeuvre du cinéma politique français, comme plusieurs films d'Henri Verneuil. Cinéaste populaire, et donc méprisé des critiques, et pourtant très efficace et engagé. Superbe ! Il montre la puissance des services secrets, notamment la CIA dans les deux attentat célèbres de JF Kennedy et S Allende.
Dans un pays dont le nom n'est pas mentionné, mais présentant beaucoup de similitudes avec les États-Unis ou le Canada, un homme d’État fête sa réélection. La foule en liesse s’amasse aux abords des routes que le cortège emprunte lors de son passage. Pourtant, en pleine journée, devant une masse abondante de témoins, le président Marc Jary est assassiné dans sa décapotable. On lui a tiré dessus depuis un bâtiment surplombant le défilé.
Une commission d'enquête est instituée afin d'élucider les circonstances de l'attentat. Elle est dirigée par le président de la Haute Cour de Justice, Frédéric Heiniger. Le rapport final de cette commission conclut qu'il n'y a eu qu'un seul tireur, appelé Karl-Éric Daslow, et qu'il est âgé d'une vingtaine d'années. Le meurtrier a agi seul, par folie et avec préméditation. Placé sur un toit-terrasse, il a tiré trois balles en direction de sa cible puis il abandonna son fusil sur place. Cet homme est retrouvé mort dans l'ascenseur du building avec une balle logée dans la tête. Un pistolet encore fumant se trouve près de lui ; il est donc déclaré suicidé puisqu'il était seul dans l'appareil qui descendait.
Un membre de la commission Heiniger refuse de signer ce rapport : le procureur Henri Volney, homme d'une grande intégrité, qui perçoit qu'il y a une part de la vérité qui manque. Il reçoit les pleins pouvoirs afin de recommencer l'enquête.
Avec l'aide de ses quatre collaborateurs, le procureur Volney reprend le fil de l'histoire depuis le début. Il récupère des films amateurs de l'assassinat, entre autres celui de Robert Sanio lui semble particulièrement intéressant : il est pris d'un angle de vue aux abords immédiats de l'immeuble utilisé par l'assassin. Le vidéaste amateur, accompagné de son avocat, lui vend la vidéo à prix d'or. Il lui révèle aussi qu'il en a déjà vendu une copie il y a quelque temps à une société. Il est cependant certain que son film n'a jamais été diffusé.
Sanio filmait donc le cortège alors qu'il se trouvait au niveau d'une esplanade au pied de l'immeuble d'où Daslow a tiré. Sur les images fournies, l'équipe de Volney repère en zoomant la silhouette d'une personne à une fenêtre du 2e étage de l'immeuble, regardant lui aussi la route. Ce n'est donc distinctement pas Daslow puisque ce dernier se trouvait sur la terrasse du bâtiment. Le Procureur remarque qu'au moment des faits, les bureaux du 2e étage de l'immeuble étaient loués par une société fantôme.
Sur les plans du film juste après les coups de feu, neuf personnes perçoivent nettement les détonations des tirs. Ces gens sont tous de simples quidams éparpillés autour du cameraman et du fait de leurs positions particulières, toutes les personnes perçoivent différemment l'origine des coups de feu. Chacun tourne la tête vers les fenêtres du bâtiment. Non vers les hauteurs de la terrasse. Ce sont donc neuf témoins d'une scène clef, dont les conclusions logiques les rends précieux : il y a eu un tireur distinct de celui retrouvé dans l’ascenseur.
Volney interroge un témoin cité dans la commission d'enquête précédente, Nicky Farnèse. Il y a affirmé avoir vu Daslow en haut de l'immeuble. Le procureur vérifie s'il est possible de voir quelqu'un sur le toit-terrasse depuis l'esplanade. Mais Farnèse est myope et il ne portait pas ses lunettes lorsqu'il a désigné le haut de l'immeuble. De plus, le camion de la régie TV couvrant l'événement était positionné exactement entre le témoin et l'immeuble, obstruant totalement la vue. C'est donc un faux témoin. Le procureur, consciencieux, réalise aussi une reconstitution de l'assassinat. Un tireur d'élite reproduit les tirs du sommet de la tour avec une arme identique. Les douilles sont éjectées hors du fusil à haute vitesse. Elles se retrouvent largement dispersées sur la terrasse du bâtiment. Cela ne colle pas du tout avec les trois douilles de Daslow, retrouvées groupées à moins d'un mètre de la zone de tir. Cette discordance accrédite l'hypothèse d'une mise en scène. Le prétendu assassin retrouvé mort dans l'ascenseur est donc un simple pantin, un homme de paille destiné à couvrir le vrai tireur placé au deuxième étage. Puisque Daslow n'avait pas de raison de se suicider, il est fort probable que le vrai meurtrier, qui a accompli son acte sans être inquiété, a également pris soin d'assassiner Daslow dans l'ascenseur pour brouiller les pistes.
À l'issue des recherches de ses collaborateurs, Volney découvre que huit des neuf témoins se sont spontanément présentés pour témoigner à la précédente commission d'enquête. Il y a eu pourtant une logique systématique d'écartement de leurs témoignages, non pris en compte, jugés fantaisistes ou inintéressants. Toutes ces personnes sont mortes par la suite : accidents de la route, pendaison sous couvert de suicide, assassinat sous couvert de légitime défense. À chaque fois leur mort fut violente. Le 9e témoin, très discret jusque là, est totalement inconnu des autorités. Il ne s'est jamais manifesté pour présenter son témoignage : il est donc parfaitement anonyme.
Le procureur a bien compris qu'il y a une volonté manifeste de faire taire les témoins gênants et il lance un appel à la télévision montrant la photographie de la personne inconnue pour le retrouver rapidement.
Cet homme mystère est Franck Bellony. Marié et père d'une petite fille, son épouse parvient à le convaincre de prendre contact avec le procureur, puisque l'appel à témoins télévisé indique le numéro de téléphone à joindre. Volney précise à cet inconnu, lorsqu'il parvient à lui parler, qu'il est le dernier témoin vivant et que sa vie est en grand danger. Malgré sa peur, Bellony accepte d'aider le procureur. Volney lui demande de scruter une longue série de diapositives de suspects. Il n'identifie pas le tireur qu'il a aperçu à la fenêtre du 2e mais il reconnaît un autre homme qui était sur place. Cette personne était sur le trottoir en contrebas et tenait un parapluie alors qu'il ne pleuvait pas. Il l'ouvrit juste avant les coups de feu. Il s'agit d'un membre de la pègre déjà connu pour des affaires criminelles, Carlos de Palma.
Alarmé par la diffusion télévisée de la photo du témoin qui n'a pu être supprimé et qui risque de parler, le vrai tireur, Luigi Lacosta, panique. Il rejoint l'homme au parapluie dans le restaurant de ce dernier, à trois heures du matin pour plus de discrétion. Puisque Carlos de Palma n'a pas supprimé tous les témoins qui l'ont vu tirer sur le président Jary, Lacosta laisse entendre qu'il le dénoncera si l'enquête du procureur parvient à remonter jusqu'à lui. Carlos de Palma le fait abattre immédiatement sans autre forme de procès.
Une photographie versée au dossier d’instruction et prise au mois de mars montre Daslow près d'un hortensia fleuri dans son jardin avec le fusil du meurtre dans ses mains. Volney établit que c'est un photomontage. L'ombre de l'objet ne correspond pas à l'éclairage visible en arrière-plan et les hortensias ne fleurissent qu'en été.
Daslow participa à une expérience sur la soumission à l'autorité, un an avant l'attentat. Elle avait montré que Daslow est facilement soumis aux ordres d'une autorité supérieure, tant qu'il respecte celle-ci. Ce comportement est d'ailleurs le cas de la majorité des participants, jugés sur leur soumission à des ordres contraires au respect humain. Le procureur est placé à son insu devant cette expérience qu'il ne connaît point. Elle est très importante dans le film et permet de vérifier si une personne se trouve capable d'aller à l'encontre de son empathie vis-à-vis des ordres donnés par une personne représentant l'autorité. De fait, son intense colère devant ce qu'il croit être de la torture par l’électricité, sa force de caractère devant le responsable scientifique de l'expérience, auquel il tient tête, prouvent l'intégrité morale du procureur.
Ce dernier trouve ensuite un lien entre Luigi Lacosta, Carlos de Palma, et un troisième homme, Richard Mallory. Ce dernier est le directeur des activités secrètes des services spéciaux. Il a permis la grâce de de Palma et sa sortie de prison. Un collaborateur du procureur organise une fouille illégale et secrète de l'appartement de Richard Mallory, avec l'aide d'un cambrioleur professionnel, en échange pour ce dernier d'une réduction de peine s'il parvient à aider les juristes à commettre son méfait. Afin de protéger son adjoint qui n'a pas terminé la visite, Volney discute dans la rue avec Mallory pour retarder son retour chez lui. Le cambriolage se réalise dans les temps et il permet de trouver une cassette audio codée.
Le procureur se rend seul dans son bureau situé dans un grand immeuble. Il arrive à décoder la cassette en modifiant la vitesse de lecture. Il est parvenu à comprendre cela après une nuit d'efforts acharnés. L'enregistrement retranscrit les détails d'une opération nommée « Zénith » gérée par un groupe de pression appelé « Minos ». Cette opération consiste à discréditer, déstabiliser, engendrer des révoltes puis assassiner le président du Tibéria, pays fictif sud-américain, ayant pour capitale Kawar. À l'aide d'archives de presse, Volney arrive à retrouver le fil des événements tragiques de Kawar et découvre que Minos a pour objectif de placer à la tête du pays un dictateur militaire. Il s'aperçoit que Carlos de Palma était rentré à Kawar, lors de l'élection du dictateur, recoupant ainsi toutes les pistes. À la fin de l'enregistrement, Minos donne des ordres de lancement d'une opération nommée « I comme Icare » devant se terminer le avant minuit. Or il est 6 heures du matin, le .
Vu la gravité des faits, Volney enregistre un message sur son dictaphone pour le président de son pays. Il lui décrit les preuves qu'il a trouvées. Enfin, à l'aube, épuisé, le procureur téléphone à sa femme écrivain et philosophe pour lui demander ce qu'évoque pour elle le mythe d'Icare. Pendant que celle-ci se renseigne en puisant dans son dernier livre, le procureur Volney se rend devant la grande fenêtre de son bureau.
Il n'y a par ailleurs aucune véritable intimité dans les locaux vis-à-vis de l'extérieur, que ce soit par des rideaux, des stores ou des volets, donc ce que le procureur a fait la nuit durant peut parfaitement avoir été remarqué à son insu. Tandis qu'il laisse son regard vagabonder, l'homme intègre est brutalement assassiné d'une balle dans la tête. Elle a été tirée depuis une fenêtre allumée de l'immeuble d'en face. Pendant qu'il s'écroule immédiatement, sa femme lui répond par le haut-parleur du téléphone à sa question sur Icare : « Qui cherche à atteindre la vérité se brûle les ailes ».
Le film se termine sur un plan fixe du bureau. La caméra recule vers le seuil en longeant un petit couloir. L’ascenseur est en marche ; ses portes s'ouvrent lentement. Une ombre va en sortir.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/I%E2%80%A6_comme_Icare