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03 Aug

Le site archéologique de San Giovanni de Pianottoli-Caldarello (Corse du Sud)

Publié par Dominique Rech  - Catégories :  #Archéologie

Le site archéologique de San Giovanni est situé sur la commune de Pianottoli-Caldarello. Il occupe principalement deux parcelles, propriétés du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres, incluses dans un espace protégé de 6,14 ha depuis 1984. Les vestiges archéologiques eux-mêmes sont inscrits sur la liste des Monuments Historiques par arrêté du 16 mai 1994.

San Giovanni a fait l’objet de fouilles archéologiques entre 1984 et 1990, mais l’étude est restée inachevée. Afin de compléter les données, une opération de prospection et de relecture des vestiges a été prescrite en 2014. Elle a permis une approche renouvelée du site archéologique. On peut ainsi proposer aujourd’hui des données inédites relatives à l’emprise de l’établissement, au nombre, aux plans et aux chronologies relatives de ses composantes. Ces informations originales permettent d’entrevoir d’autres pistes d’interprétation que celles qui étaient évoquées jusqu’ici sur la base des données anciennes non revisitées.

San Giovanni pourrait correspondre à un établissement rural romain d’étendu assez réduite (fig. 1), qui atteint son apogée autour du ive s. Son statut ainsi que sa ou ses fonction(s) ne peuvent être déterminés à l’heure actuelle. Le seul élément permettant de le caractériser dans le contexte insulaire est sa situation sur le littoral et son lien avec une zone de mouillage très bien abritée à l’entrée des bouches de Bonifacio. Il peut ainsi être rapproché d’un point de vue typologique des établissements antiques de Propriano, Ajaccio et Sagone.

 

Un complexe ecclésial comprenant au moins deux basiliques et un baptistère est construit sur ou à proximité immédiate de l’habitat entre le ive et le vie s. Simultanément, un autre édifice de culte est élevé sur la plage, à 300 m de là, peut-être dans un contexte funéraire. Cet ensemble exceptionnel par la quantité des édifices et son organisation paraît donc reproduire en milieu rural un schéma typiquement urbain. On est tenté, dans ces conditions, d’y reconnaître une église publique destinée à encadrer la population rurale, autrement dit ce que l’on nommera un peu plus tard une paroisse rurale.

Au début du second Moyen Âge, le baptistère est entièrement reconstruit sous la forme d’un petit édifice absidé de style roman. Il fonctionne peut-être avec la basilique sud paléochrétienne qui devait alors être conservée en élévation. On ne sait si cet ensemble dispose du statut de pieve. Au même moment, une chapelle est construite sur la plage à proximité de la basilique primitive dite funéraire. L’originalité de cet édifice, au vocable inconnu, tient à sa situation sur un rocher s’avançant dans la mer à l’entrée du golfe de Figari (fig. 2).

 

La question du lien des édifices de culte avec l’habitat et l’établissement antique, dont il est essentiel de connaître précisément la nature, reste complètement ouverte bien qu’elle puisse constituer l’une des clés de compréhension du site. La réponse à cette interrogation permettra de raisonner valablement sur la fonction des édifices de culte et sur leur rôle éventuel au sein des itinéraires maritimes.

Source : Daniel Istria, « Pianottoli-Caldarello – San Giovanni » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 26 avril 2017, consulté le 03 août 2022. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/19081

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Dominique RECH