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06 Jun

Juin 1944 dans le Sud-Ouest de la France

Publié par Claude Vandergheynst  - Catégories :  #France dans la 2e Guerre mondiale, #XX e siècle, #Histoire contemporaine, #Histoire méridionale

Suite au Débarquement Allié en Normandie le 6 Juin 1944 (Opération Overlord) , les actions de la Résistance contre les forces d’occupation dans le Sud-Ouest se multiplient notamment pour entraver la montée des troupes allemandes vers la Normandie. Des opérations de représailles allemandes sont organisées contre les populations civiles pour semer la terreur ou pour anéantir la Résistance 

« Le 06 juin 1944, Monsieur Bellan et moi (auteur inconnu), rejoignons à Saint Gaudens, Monsieur Jean Luent, adjoint du capitaine Gesse, chef de l’AS (Armée Secrète) à laquelle nous avions adhéré quelques mois auparavant. Il nous charge de rejoindre, au camp de Saint Marcet, le commandant Cauchois, ingénieur à la RAP et le capitaine Courtiade. Nous nous y rendîmes dans une traction, conduite par un nommé Betbéze, emportant avec nous des armes diverses et des munitions. Le camp de St Marcet était en effervescence, car en alerte (bruit d’une attaque imminente). Le survol par deux bombardiers « Dornier » à mainte reprise (deux ou trois) créa un peu de panique, la majorité quittèrent le camp et rentrèrent chez eux. Le commandant Cauchois et le capitaine Courtiade et quelques gars, partirent vers L’Isle en Dodon, nous laissant à quatre, dont Bellan et moi pour observer la suite éventuelle. Nous étions en position avec nos 2 armes, moi avec un bazooka (appelé : « arbalète anti-char ») derrière un amoncellement de grosses conduites ; nous avions une grande camionnette de la RAP (que conduisait un nommé Sudre, chauffeur à la RAP) qui nous servait pour les différents déplacements que nous effectuions. » …..

 7-9 Juin : mobilisation du 3e bataillon du Régiment « Deutschland » de la 2e Division Blindée de SS « Das Reich » (Montauban/Toulouse) pour déloger les maquis dans les Pyrénées centrales

Le 8 Juin 1944 4 maquisards qui rejoignaient le maquis (CFP , Corps Franc Pommiès) de Cassagnabère , agents de la RAP (Régie Autonome des Pétroles , société exploitant le premier gisement de gaz français découvert le 14 Juillet 1939 , basée sur les territoires d’Aulon/St Marcet/Latoue dans le Comminges) , sont abattus dans un guet-apens par un groupe de soldats allemands venant de St Gaudens au lieu dit des « 4 Chemins » , commune de Mengué/Aulon ……. Une stèle , située à cet endroit rappelle ce drame et rends hommage à ces 4 Résistants. Une autre stèle à 1 km de celle de Mengué , située à l’entrée de l’ancienne usine de Peyrouzet (usine exploitée par la CFR , Compagnie Française de Raffinage , qui traitait le gaz de St Marcet produit par la RAP avant de l’expédier dans toute la région du Sud-Ouest) commémore la mémoire de 5 agents CFR de l’usine de Peyrouzet appartenant au Corps Franc Pommiès , morts pour la France lors des différentes représailles contre les maquis locaux .

 Le 10 Juin 1944 , Paul Artigue , ouvrier à la RAP , habitant de Lafitte-Toupière (Hte-Garonne) qui était en train de cultiver son jardin sera abattu par une rafale d’arme automatique par un petit détachement de la SS Das Reich qui interviendra en même temps à Marsoulas , lorsqu’il tenta de fuir. La RAP effectuait en 1944 des prospections sur le territoire de Lafitte-Toupière que les Allemands suivaient de très près. Le 8 juin, le maquis de Betchat (FTPF) avait fait prisonniers trois soldats de la Wehrmacht et un officier ingénieur allemand sur le chantier de Lafitte-Toupière ; Paul Artigue en paiera de sa vie.  Un plaque apposée sur sa maison rappelle cet événement. Beaucoup de stèles dans la région rappellent les hauts faits de la Résistance autour de cette nouvelle industrie pétrolière naissante dans le Comminges (St Marcet , Boussens , Martres Tolosane , Cazères , Mane , …) . J’en profite pour rendre aussi un hommage à Pierre Angot , natif de Montréjeau , 1er Président de la RAP et de la SNPA , arrêté en Juin 1944 , après l’accrochage de Mengué , déporté à Buckenwald et qui mourra dans une mine de sel en Basse Saxe le 6 Février 1945 par refus de collaborer avec les allemands pour les aider entre-autres à exploiter le gisement de gaz de St Marcet .

 9 Juin 1944 : le massacre de Tulle avec 218 victimes civiles dont 99 pendues , 101 mortes en déportation , les autres abattues .

 Le Samedi 10 Juin 1944 ce sera , « le massacre des villageois de Marsoulas ; Le bilan est terrible : 27 personnes civiles sont assassinées dont 2 enfants de 5 ans et un bébé de 3 mois . Tous les ans , Marsoulas , « Village Martyr » , « village médaillé de la Résistance » se rappelle …. On n’oublie pas non plus que ce même Samedi 10 juin 1944 :  la vie du paisible bourg limousin d’Oradour-sur-Glane est anéanti en quelques heures par une action brutale, méthodique et délibérée d’une partie de la division Waffen SS Das ReichOn dénombrera 643 victimes.

Le 11 Juin 1944 à Bagnères-de-Bigorre et villages limitrophes

L’intervention brutale menée par la 2e Division SS « Das Reich » le lendemain de Marsoulas fit 62 morts et autant de blessés. La sauvagerie du comportement des soldats face à une population sans défense dépasse en horreur l'imaginable …..

« Un bien triste spectacle nous attendait à l'entrée de Pouzac ….. A Trébons, nous découvrîmes un spectacle horrible. Onze morts fusillés sur la route ou chez eux, dont le maire de Trébons et son gendre. » écrit M. Priou, directeur adjoint de la Croix Rouge à Bagnères.

 13 Juin 1944 l’Accrochage de Larroque

Dans la matinée du 13 juin 1944, trois jours après l’expédition contre les maquis des Pyrénées et le massacre du village de Marsoulas par les Waffen SS de la division Das Reich, les habitants de Larroque voient avec inquiétude l’arrivée des militaires allemands …. Une stèle , à l’endroit où 3 passeurs Bazerque , Sabadie et Barrère furent abattus , dans le village de Larroque rappelle cet événement .

 21 Juin 1944 Castelnau sur l’Auvignon (Gers)

Le 21 juin 1944, au matin, une colonne allemande venue par la route de Lectoure, tente d'encercler Castelnau-sur-l'Auvignon. Les hommes du lieutenant André Lalanne retardent la progression allemande tandis qu'au nord et au nord-est, les Espagnols s'opposent farouchement à l'avance ennemie et résistent avec vigueur. La population du village est évacuée ainsi que les premiers blessés et le matériel. Les Espagnols et le corps franc seront les derniers à quitter le village. L'artilleur Robert Bloch fera sauter la tour du château médiéval ce qui provoquera des pertes parmi les soldats allemands. Ayant investi le village, les troupes ennemies font sauter les maisons que le combat a épargnées.Les combats vont durer 6 heures et se solder par un lourd bilan humain . Le village fut presque entièrement détruitCastelnau-sur-l'Auvignon , village martyr , est la seule commune du Gers titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil. 

Le 7 Juillet 1944 ce sera le massacre du Maquis de Meilhan (Gers)

Meilhan et L'Isle- en-Dodon revivent chaque année , début Juillet , une période douloureuse de leur histoire avec la commémoration de la destruction du maquis de Meilhan et du massacre de 76 résistants par les Allemands au matin du 7 juillet 1944 dont 24 l’Islois ….. Un mémorial à l’endroit où se trouvait le maquis raconte ce massacre ….. (Fermes du Priou et de Larée , Villefranche , Gers)

 19 Juillet 1944 : Arbon (Maquis de Campels)

« Dans la matinée on entend vers Arbon des bruits de camions….  Nous prenons dans notre grange quelques affaires et chargés d’armes et bagages rejoignons le PC. La plus grande partie avait quitté les lieux. Le colonel Américain (Lieutenant-colonel H W FULLER des US MARINES), le radio, le commandant Cauchois, etc… s’étaient repliés avec les gendarmes, transportant avec eux l’important matériel que nous possédions. Puis nous entendons un bruit de camion qui se rapproche de la ferme…. Ils stoppèrent à une centaine de mètres.  Puis des ordres en Allemands…. Et soudain de chez nous un coup de feu. Nous enchainons, les rafales se succèdent… Puis silence. Une rafale de mitrailleuse au-dessus de nos têtes, des branches tombent hachées. Et nous répliquons. J’étais dans le dernier groupe FM avec Paumiès et Bellan… Soudain derrière nous une voix : « mais qu’est-ce que vous foutez ! Tout le monde a décroché… ! ». Une dernière rafale et en rampant à reculons nous regagnons le bois. Deux heures après nous rejoignons les autres. Nous sommes restés quelques temps à proximité de Malvezie (Bouves) et après que notre maquis ne se soit scindé en plusieurs groupes, le notre avec Cauchois et Courtiade, rejoignis Labaderque, où un autre combat nous attendait (11 Août). La bataille de Campels ne fit chez nous aucune victime; les Allemands y subirent des pertes sensibles ». Le hameau de Campels (Arbon) fut entièrement brûlé par les Allemands en représailles. Tous les habitants avaient eu le temps d’évacuer le village avant et s’étaient cachés dans la forêt. D’autres groupes de maquisards se regroupèrent à Saint Bertrand de Comminges et formèrent un nouveau maquis sous l’impulsion du Lt.-Colonel US Fuller .

11 août 1944 - hameau de Labaderque, à Herran

Le petit village a connu les foudres de la division Das Reich pour avoir en silence courageusement abrité les femmes et les hommes du maquis Bidon V. Mais un traître a parlé, et le matin du 11 Août 1944, une colonne de 1 500 hommes environ, SS et Mongols, survenait, traînant de l'artillerie et peu après 8 heures, le combat s'engageait. Attaqué, le maquis résista. Les SS entrèrent dans La Baderque vers 16h laissant sur les pentes plus de cinquante tués. Les habitants s'étaient réfugiés dans leur forêt d'où, impuissants, ils observaient le désastre : le pillage, l'assassinat de Norbert Aspa… cette fumée noire et l'odeur nauséabonde de la guerre, qui emporte tout et reste prégnante dans les souvenirs …..

 

6 Février 1944 - Col Portet d’Aspet

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, plusieurs itinéraires d’évasion à destination de l’Espagne dont ceux de Comminges-Couserans furent empruntés par des réseaux de passeurs. Ils sont appelés « Les Chemins de la Liberté ……». Au col de Portet d’Aspet, dans la nuit du 5 au 6 février 1944, une trentaine de fugitifs (Hollandais, Belges, Français et Américains)  , conduits par deux guides de la région, tentait de passer en Espagne. Pris dans une tempête de neige, ils se réfugient dans une cabane. Mais une patrouille allemande arrive sur les lieux. Seuls huit hommes réussissent à s'enfuir. Les autres sont pris et déportés dont une majorité de hollandais…... Plus de quarante ans après certains des rescapés, d'origine hollandaise sont revenus sur le lieu de l'évasion. Contact pris avec le propriétaire, qui était justement en train de restaurer la cabane, ils ont décidé de garder la mémoire de cet événement par l'érection d'un stèle à l’entrée de cette « cabane des évadés » située au col du Portet d’Aspet . Un Menhir inauguré en 1990 rappelle ce trait d’histoire oublié des Evadés et Passeurs dans les Pyrénées …...

Juin 1944 dans le Sud-Ouest de la France
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