Historien : Gabriel Martinez Gros
Gabriel Martinez-Gros, né le à Oran (Algérie) est un historien français, spécialiste de l’histoire politique et culturelle d'al-Andalus.
Biographie
[modifier | modifier le code]Agrégé d'histoire, Gabriel Martinez-Gros est professeur d'histoire médiévale du monde musulman à l'université de Paris-X. De 1982 à 1983, il a résidé à la Casa de Velázquez à Madrid en tant que chercheur de l'École des hautes études hispaniques et ibériques1. Il a codirigé avec Lucette Valensi l'Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman jusqu'en 2002.
En 2012-2013, il donne des cours à l’École du Louvre dans le cadre du cours « Les dynasties berbères et le Maroc impérial (XIe – XIIIe siècles) » de la spécialité histoire des arts de l'Islam. Il travaille très activement sur l'historien arabe Ibn Khaldûn.
Spécialiste de l'historien médiéval Ibn Khaldoun, il applique les théories historiques à l'histoire dans Brève histoire des empires (2014) puis au monde d'aujourd'hui dans Fascination du djihad. Fureurs islamistes et défaite de la paix (2016). Ibn Khaldoun estime que les empires se constituent autour d'une élite violente qui soumet les sédentaires, éléments les plus civilisés de l'empire. Puis, quand cette élite militaire s'amollit, elle fait appel à de nouveaux bédouins qui secondent puis supplantent l'ancienne élite. Ainsi, selon M. Martinez-Gros et suivant ce modèle, les apprentis djihadistes seraient attirés par la prospérité de l'Occident prospère et désarmée, et les prébendes qu'ils attendent de son pillage2,3.
Publications
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- L’Idéologie omeyyade, Madrid, Casa de Velazquez, 1992
- De l’amour et des amants, Paris, Sinbad, 1992 (trad. du Tawq al-hamâma d'Ibn Hazm)
- Identité andalouse, Paris, Sindbad/Actes Sud, 1997
- Ibn Khaldûn et les sept vies de l'Islam4, Sinbad, 2007
- L’Islam, l’islamisme et l’Occident, Paris, Le Seuil, 2013
- Brève Histoire des empires : Comment ils surgissent, comment ils s'effondrent, Paris, éditions du Seuil, , 215 p. (ISBN 978-2-02-116312-4)
- Fascination du djihad : Fureurs islamistes et défaite de la paix, Paris, PUF, , 120 p. (ISBN 978-2-13-075013-0)
- L'Empire islamique, Passés Composés, 2019, 350 p. (ISBN 2379331960)
- De l'autre côté des croisades : L'islam entre Croisés et Mongols. XIe – XIIIe siècle, Passés composés, 2021 (ISBN 978-2379333903)
- La traîne des empires. Impuissance et religions, Passés composés, 2022 (ISBN 9782379335907)
- Pays d’Islam et monde latin, Paris, Atlande, 2001, avec Philippe Gourdin
- L’Islam en dissidence. Genèse d’une confrontation, Paris, Seuil, 2004, avec Lucette Valensi
- Histoire de Grenade, Fayard, 2018, avec Sophie Makariou, 448 p.
Extraits de la source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Martinez-Gros
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Pour Ibn Khaldûn, immense historien arabe du XIVe siècle, l’État « civilise » au plein sens du terme, il crée une société civile, pacifique et désarmée. L’État trace une limite claire entre la société sédentaire, qui vit sous sa protection, et la société bédouine, tribale, qu’il ne contrôle pas. Mais il a besoin des deux mondes, puisqu’il tire du monde tribal la violence nécessaire pour imposer sa paix dans le monde sédentaire, où il puise ses richesses à travers l’impôt. Si on donne à ces termes, « sédentaire » et « bédouin », leur véritable sens, c’est-à-dire « sous le contrôle d’un État » et « hors du contrôle d’un État », la pertinence de la théorie peut être étendue très au-delà de l’Islam et du Moyen Âge.
Pour comprendre cette fascinante théorie utile à notre temps, Gabriel Martinez-Gros, avec toute la finesse et l’érudition qui lui sont coutumières, a sélectionné et traduit de larges extraits de l’œuvre d’Ibn Khaldûn, qu’il a également, grâce à son long compagnonnage avec l’auteur, commenté pour mieux en cerner la richesse et la portée.
source : https://passes-composes.com/book/417
Bien avant Hobbes, Montesquieu et Tocqueville, Ibn Khaldun, serviteur des princes du Maghreb, rédige une histoire universelle, Le Livre des exemples, qui a pour objectif de poser sur le papier les principaux ressorts de la marche des États. Il se lance dans ce projet d'écriture alors même que la peste de 1348 a considérablement touché tout le pourtour méditerrannéen, mettant en grande difficulté les pouvoirs politiques, notamment celui des Hafsides en Tunisie. C’est donc en homme expérimenté politiquement qu’Ibn Khaldun décide à l’âge de 45 ans de se retirer de la vie politique pour se consacrer à la philosophie de l'Histoire, considérant qu'en son temps l'action politique est devenue inutile, au regard des luttes de pouvoir incessantes. Dans la Muqaddima, le penseur établi au Caire explique les causes de la naissance et de la mort des États. Il théorise l'importance de l'impôt comme fondement de la puissance étatique et met en exergue la place de la guerre dans la défense d'un État prospère. Dans la Muqaddima, le penseur établi au Caire explique les causes de la naissance et de la mort des États. Il théorise l'importance de l'impôt comme fondement de la puissance étatique et met en exergue la place de la guerre dans la défense d'un État prospère. La richesse de la théorie de l'État d'Ibn Khaldun réside dans le fait qu'encore aujourd'hui elle peut être utile pour une meilleure compréhension du pouvoir politique. L'auteur : Gabriel Martinez-Gros, professeur émérite d’histoire médiévale à Paris Nanterre, spécialiste de l’histoire d’Al-Andalus, vient de publier Ibn Khaldun. Anthologie présentée et commentée, (Passés composés, 336 p. 23 €). Dans son ouvrage, il rédige un commentaire historique permettant de mieux saisir les textes de ce grand penseur arabe du XIVe siècle.
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Christianisme, islam, bouddhisme, les trois religions aux milliards de fidèles sont des créations de fin d’empire, les traînes des trois empires-mondes que sont Rome, la Chine et l’Islam. De ces religions Gabriel Martinez-Gros ne retient ici qu’un point commun, le moment où elles sont nées, lorsque l’impuissance croissante du pouvoir impérial dissocie son action politique de son système de valeurs, lorsqu’il passe de l’agir militaire et politique au dire religieux.
La résonnance avec le monde moderne est frappante. La fin de l’extraordinaire poussée économique et démographique de la modernité (1800-2050), où l’Occident, empire informel, étendit sa domination, devrait ainsi voir une nouvelle émergence religieuse, de la même façon que l’affaiblissement de Rome aux IIIe-IVe siècles, la disparition des Han à la même époque, le naufrage du califat islamique entre IXe et XIe siècle ont abouti à des éclosions religieuses. Telle est l’idée majeure de ce livre aussi brillant que novateur, porté par une érudition confondante.
source : https://passes-composes.com/book/332
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Pour les historiens arabes les plus lucides, ce que nous appelons les croisades entre dans le récit plus vaste de l’effondrement de l’Empire islamique, la grande offensive des « Francs » en Méditerranée constituant l’une des deux mâchoires de la tenaille qui prend en étau l’Islam aux XIIe-XIIIe siècles. L’autre mâchoire, de loin la plus redoutée, se resserre à l’est avec les invasions mongoles. L’Empire islamique est ainsi le lieu où se confrontent trois constructions impériales ; à l’est l’histoire chinoise domine pour un petit siècle, le cœur de l’Empire mongol se trouvant à Pékin. À l’ouest, Saint Louis s’impose comme le fondateur de l’Empire franc, dont le centre est à Rome, après la vague des guerriers fondateurs que sont Godefroy de Bouillon, Baudouin, Amaury ou Roger de Sicile.
C’est donc à un décentrement du monde que nous invite Gabriel Martinez-Gros. À travers une réflexion profondément originale, nourrie de ses précé-dents travaux sur la question impériale, l’histoire de l’Islam et la pensée historique arabe, l’auteur propose une fascinante nouvelle lecture des croisades, de l’Empire islamique et de la puissance mongole.
source : https://passes-composes.com/book/282
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L’histoire des cinq siècles de l’Empire islamique, de la mort du Prophète en 632 à l’éviction des Arabes des structures de pouvoir et à l’émergence des sultanats turcs au XIe siècle, en passant par les conquêtes, la mise en place du califat, l’éclosion et la chute des dynasties abbasside, omeyyade ou fatimide, tel est le propos de Gabriel Martinez-Gros. Mais pour éviter le biais d’une histoire de l’Islam vue d’Occident – ou l’essor de l’un est inévitablement le déclin de l’autre – l’auteur convoque les quelques rares voix qui nous parviennent encore du fond de l’histoire islamique. Ces voix, ce sont celles des historiens arabes médiévaux, dont Ibn Khaldûn.
Ainsi émerge une tout autre perception de l’Empire islamique, où les dynasties se consolident dans la première génération de leur existence, atteignent leur floraison dans la deuxième, vieillissent et agonisent dans la dernière. C’est donc à une triple réflexion que nous invite ce livre admirable et singulier : d’abord sur l’histoire de l’Islam médiéval, ensuite sur la dynamique impériale, enfin sur l’écriture de l’histoire.
source : https://passes-composes.com/book/240