Historien : Alessandro Stanziani
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Directeur de recherche CNRS au Centre de recherches historiques (CRH, CNRS / EHESS) et directeur d’études cumulant à l’EHESS, Alessandro Stanziani est spécialiste de l’histoire des savoirs économiques, de l’alimentation, des marchés et de la concurrence ainsi que de l’histoire du travail et plus précisément du travail forcé.
Après avoir obtenu un doctorat en économie politique à Naples en 1991, puis en histoire russe à l’EHESS à Paris en 1995, Alessandro Stanziani débute sa carrière à l’international comme chercheur invité et enseignant, notamment à Princeton, Stanford, Tokyo et Delhi.
Entré au CNRS en 1999, il s’intéresse alors à l’histoire des spécialistes, statisticiens, économistes, agronomes, et en particulier à l’histoire des marchés alimentaires en Europe au XIXe siècle, « pour poursuivre sur l’histoire du travail forcé en Russie, dans l’Océan indien et dans les colonies européennes », précise-t-il. De manière croisée et globale, il réfléchit ainsi à l’histoire du travail et de ses modèles, du travail salarié libre au servage. Il y ajoute une dimension d’histoire intellectuelle, notamment autour des débats abolitionnistes entre France, Royaume-Uni et Russie.
Spécialiste de l’histoire de l’économie, précisément des savoirs économiques, Alessandro Stanziani réinvestit ensuite ses réflexions autour de deux orientations : l’histoire transnationale et la méthodologie historique. Il appelle de ses vœuxun monde ouvert, dépassant les approches en termes de confrontation des civilisations. Il explique que « le rôle de l’histoire n’est pas de fournir des gages aux nationalismes mais de montrer les interrelations de longue durée entre les différentes parties du monde ». Entre 2014 et 2022, il monte et pilote un groupement de recherche international entre les États-Unis, l’Allemagne et le Japon sur l’histoire globale et ses méthodes. Celui-ci vise à étudier les trajectoires multiples des circulations des personnes, des idées et savoirs, des institutions et des valeurs au-delà des confins géographiques et politiques.
Également rédacteur en chef de la revue Histoire & mesure, Alessandro Stanziani travaille à l »heure actuelle à une histoire économique et géopolitique globale des semences retraçant les guerres du blé de la fin du XVIIe siècle à nos jours. « Les interfaces avec la science sont désormais au cœur de mes préoccupations actuelles et à venir », conclut-il.
source : https://www.inshs.cnrs.fr/fr/personne/alessandro-stanziani
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À propos
Pour quelles raisons des émeutes, des luttes pour les terres, des rivalités économiques et géopolitiques exacerbées, ainsi qu'une guerre de conquête se déchaînent-elles encore autour du blé ?
Cette situation résulte d'une histoire dont l'issue n'était pas écrite depuis que notre espèce a domestiqué les céréales, ni déterminée par la pression démographique d'une humanité confrontée à l'épuisement inexorable de ses ressources, mais qui remonte au XVIIe siècle. Les guerres dont le blé apparaît à la fois comme l'enjeu et l'arme sont, d'une part, corrélatives de la naissance et de l'évolution de l'État moderne, notamment dans sa dimension impériale, d'autre part, tributaires du développement spéculatif du capitalisme. Il y a quatre siècles, les puissances qui allaient dominer le monde se sont bâties sur le blé ; en dépit de progrès économiques, sociaux, agronomiques et sanitaires majeurs, nous en dépendons toujours.
À travers le lien unissant l'expansion territoriale des États à l'approvisionnement en céréales, Alessandro Stanziani montre que le blé constitue un paramètre décisif pour rendre compte de l'extermination des nomades présumés aux Amériques, en Australie et dans les steppes eurasiatiques entre le XVIIe et le XIXe siècle, puis de l'issue des deux guerres mondiales, et des dynamiques à l'oeuvre à l'époque de la guerre froide et de la décolonisation. Connectées à l'organisation des marchés céréaliers, à la modification des techniques de récolte, à l'industrialisation et à la dérégulation spéculative globale, ces tendances longues éclairent la spirale d'inégalités, de désastres écologiques et de tensions géopolitiques que nous connaissons aujourd'hui.
Introduction
1. Céréales, guerres et naissance de l'État moderne (1650-1750)
Expansion chinoise, colonisation et contrôle des céréales
Le blé, fondement de l'expansion russe
Une centralisation française défaillante
Dans l'Empire britannique, le soutien inconditionnel de l'État
Conclusion : les conditions d'un État moderne
2. Marchés, travail et ordre social à l'époque préindustrielle
Dynamiques démographiques et cycles économiques
Production céréalière, propriété et travail
Marchés et structures sociales
Consommation et politiques publiques.
Conclusion : blé et révolution
3. Géopolitique du blé : l'expansion du XIXe siècle
France/Royaume-Uni : la petite divergence
L'expansionnisme russe en Ukraine
Le colonialisme anglo-américain dans les Grandes Plaines et les prairies australiennes
La nouvelle économie céréalière de la Russie
Les blés des nouveaux mondes
Conclusion : expansion mondiale et expropriation des autochtones
4. Blés durs et blés virtuels : consommation et commerce du blé au XIXe siècle
Les usages du blé : la révolution des pâtes.
Du commerce de blés virtuels
Spéculation et famines coloniales
Conclusion : spéculation et pénurie
5. Les nouvelles armes du blé : de la Première Guerre mondiale aux totalitarismes
Le blé, nerf de la guerre
La difficile équation de l'approvisionnement
La fin de l'Ancien Régime : l'origine granaire des dictatures et des démocraties
La répression de la résistance paysanne en URSS
La " bataille du blé " dans l'Italie fasciste
L'aide humanitaire et la naissance du sous-développement
Conclusion : contrôle du blé et colonisations
6. Seconde Guerre mondiale, guerre froide et décolonisation : genèse d'un nouvel impérialisme céréalier
Les armes de la production et de la pénurie durant la Seconde Guerre mondiale
La " grande accélération "
De la hausse des rendements à la destruction de la planète
Famines et aides au développement.
L'enjeu des semences et la guerre des brevets
Conclusion : semences et course aux profits
7. Des années 1970 à nos jours : les nouvelles guerres du blé
La bombe démographique ?
Croissance verte et néolibéralisme
Des rendements en baisse
La place des biocarburants
Viande ou céréales ?
Des hybrides aux OGM
Au royaume des spéculations
L'accaparement des terres : de la finance
internationale à l'occupation militaire
La hausse des inégalités
Conclusion : nourrir l'humanité
Conclusion. Le monde au prisme du blé.
source : https://www.librairie-sciencespo.fr/livre/9782348082979-les-guerres-du-ble-une-eco-histoire-ecologique-et-geopolitique-alessandro-stanziani/
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source : https://www.librairie-sciencespo.fr/livre/9782228929257-capital-terre-une-histoire-longue-du-monde-d-apres-xiie-xxie-siecle-alessandro-stanziani/
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Qu'on la nomme histoire globale, mondiale, connectée, histoire-monde ou world history, c'est elle qui aujourd'hui suscite l'intérêt des lecteurs, des médias, des universitaires, et tend à façonner notre représentation du passé. Mais qu'est-ce que l'histoire globale ? Que propose-t-elle ? La belle synthèse d'Alessandro Stanziani fournit toutes les clés pour comprendre l'essor et les ambitions de cette histoire plurielle. Filiations multiples, bifurcations inattendues, brassages et métissages : affranchie de l'européocentrisme, l'histoire globale élargit les horizons géographiques, déborde les cadres nationaux, pense le monde à partir des connexions et des relations au sein d'entités politiques ou économiques hétérogènes. Elle a pour objet les migrations d'hommes, de biens, d'idées, de savoirs, de symboles, mais aussi le changement climatique, les révolutions technologiques, l'évolution des mentalités...
Saisies dans la longue durée, et à l'intersection de plusieurs mondes, Alessandro Stanziani explore à nouveaux frais les relations que l'histoire établit avec la philosophie, la sociologie, la philologie et l'économie : ces interactions délimitent la portée de l'histoire globale par rapport aux autres approches.
Face aux progrès du nationalisme, cette façon de faire de l'histoire permet de revisiter le passé d'un certain nombre d'événements, de culture et/ou de régions. De l'Inde à la Russie, des décolonisations à l'islam, cet ouvrage montre que l'histoire globale invite à multiplier les angles de vue, mais aussi à dépasser la vision de l'histoire comme choc entre les civilisations.
source : https://www.librairie-sciencespo.fr/livre/9782271115072-les-entrelacements-du-monde-histoire-globale-pensee-globale-alessandro-stanziani/
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Issus d'un colloque international qui s'est tenu en décembre 2021, les textes rassemblés dans cet ouvrage portent sur les liens entre le développement des capitalismes et les esclavages, les économies des traites, les pratiques économiques des « esclavisés », et, pour les époques post abolitions, abordent les questions des indemnisations des esclavagistes et de la persistance du travail contraint et du travail forcé.
La variété des angles d'approches, des aires géographiques traitées, des focales (micro, méso, macro) et des échelles temporelles (du court au très long terme) permet de présenter une image plus nuancée, plus précise et plus incarnée des multiples formes de travail forcé que celle qui prévalait jusqu'ici. À bien des égards, ces actes renouvellent notre vision de l'esclavage, qui ne peut désormais être compris que dans sa pluralité.
source : https://www.librairie-sciencespo.fr/livre/9782111621121-travail-servile-et-dynamiques-economiques-xvie-xxe-siecle-anne-conchon-myriam-cottias-alessandro-stanziani/
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Ce livre ne raconte pas l'histoire de Joseph Conrad mais celles des travailleurs et des asservis qu'il a côtoyés tout au long de son singulier périple : les serfs de l'Empire russe, les salariés et les matelots des empires français et britanniques, enfin les marins, les esclaves et les immigrés d'un océan Indien battu par les moussons. Le voyage avec l'écrivain se termine au Congo où les violences extrêmes perpétrées à l'encontre des populations indigènes côtoient la peur, la solitude et la quête effrénée de profit des compagnies.
Prenant appui sur ce périple, Alessandro Stanziani fait oeuvre d'historien, celle de la difficile conquête de la liberté en général, et de la liberté au travail en particulier.
source : https://www.librairie-sciencespo.fr/livre/9782724626209-les-metamorphoses-du-travail-force-une-histoire-globale-xviii-xix-siecle-alessandro-stanziani/