Historien : Antoine Lilti
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Antoine Lilti est né en 1972. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’histoire, il soutient en 2003 à l’université Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Daniel Roche, une thèse intitulée : « Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle ». Il enseigne comme maître de conférences à l’ENS Ulm, puis comme directeur d’études à l’EHESS à partir de 2011. De 2006 à 2011, il dirige la rédaction de la revue Annales Histoire, sciences sociales. Depuis 2013, il dirige la collection « L’épreuve de l’histoire », aux éditions Fayard.
Ses travaux portent sur l’histoire sociale, culturelle et intellectuelle des Lumières. Il a d’abord étudié les pratiques de sociabilité des élites aristocratiques et lettrées, puis s’est attaché à montrer l’émergence, au XVIIIe siècle, d’une forme nouvelle de reconnaissance, la célébrité, liée aux mutations de l’espace public et des identités individuelles. Depuis, son travail s’est élargi aux héritages multiples des Lumières depuis la Révolution française.
Livres
[1] L’héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité, Paris, Éditions de l’EHESS/Gallimard/Le
Seuil, « Hautes Etudes », 2019, réédition Points, 2022.
[2] Figures publiques. L’invention de la célébrité (1750-1850), Paris, Fayard, 2014, réédition Pluriel, 2022.
[3] Le monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 2005.
Livres collectifs dirigés
[4] (avec Christophe Charle, Daniel Roche et al.), L’Europe. Encyclopédie historique, Arles, Actes Sud, 2018.
[5] (avec Sabina Loriga, Jean-Frédéric Schaub, Silvia Sebastiani), L’expérience historiographique : autour de
Jacques Revel, Paris, Editions de l’EHESS, « Enquêtes », 2016.
[6] (avec Céline Spector), Commerce, civilisation, empire. Penser l’Europe au XVIIIe siècle, Oxford, Voltaire
Foundation, 2014.
Extraits de la source : https://www.college-de-france.fr/fr/chaire/antoine-lilti-histoire-des-lumieres-xviiie-xxie-siecle-chaire-statutaire/biography
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Les Lumières sont souvent invoquées dans l'espace public comme un combat contre l'obscurantisme, combat qu'il s'agirait seulement de réactualiser. Des lectures, totalisantes et souvent caricaturales, les associent au culte du Progrès, au libéralisme politique et à un universalisme désincarné.
Or, comme le montre ici Antoine Lilti, les Lumières n'ont pas proposé une doctrine philosophique cohérente ou un projet politique commun. En confrontant des auteurs emblématiques et d'autres moins connus, il propose de rendre aux Lumières leur complexité historique et de repenser ce que nous leur devons : un ensemble de questions et de problèmes, bien plus qu'un prêt-à-penser rassurant.
Les Lumières apparaissent dès lors comme une réponse collective au surgissement de la modernité, dont les ambivalences forment aujourd'hui encore notre horizon.
source : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782757896990-l-heritage-des-lumieres-ambivalences-de-la-modernite-antoine-lilti/
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Chaire Histoire des Lumières, xviiie-xxie siècle Les Lumières ne désignent pas seulement un mouvement intellectuel ancré dans le xviiie siècle européen ou une période historique révolue.
Elles renvoient aussi à un héritage philosophique et politique toujours actuel. On ne se contente pas de les étudier, on s'en réclame ou on les critique. Comment penser cette actualité des Lumières ?
En s'appuyant sur les acquis récents de l'historiographie, Antoine Lilti propose de concevoir les Lumières comme un espace de débat critique sur la modernité et un idéal d'émancipation par le savoir. Il esquisse un programme de recherches comparées sur les « Lumières multiples » et leurs héritages dans différents espaces culturels.
Historien des pratiques culturelles, Antoine Lilti a étudié les mutations de l'espace public et des sociabilités ainsi que l'émergence, au xviiie siècle, d'une forme nouvelle de reconnaissance personnelle : la célébrité. Ses travaux portent sur l'histoire des Lumières dans l'Europe du xviiie siècle ainsi que sur leurs héritages contemporains. Après avoir enseigné à l'EHESS, il a été nommé professeur au Collège de France en 2022, titulaire de la chaire Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle.
source : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782213725901-actualite-des-lumieres-une-histoire-plurielle-antoine-lilti/
Bien avant le cinéma, la presse à scandale et la télévision, les mécanismes de la célébrité se sont développés dans l’Europe des Lumières, puis épanouis à l’époque romantique sur les deux rives de l’Atlantique. Des écrivains comme Voltaire, des comédiens comme Garrick, des musiciens comme Liszt furent de véritables célébrités, suscitant la curiosité et l’attachement passionné de leurs « fans ». À Paris comme à Londres, puis à Berlin et New York, l’essor de la presse, les nouvelles techniques publicitaires et la commercialisation des loisirs entraînèrent une profonde transformation de la visibilité des personnes célèbres. On pouvait désormais acheter le portrait de chanteurs d’opéra et la biographie de courtisanes, dont les vies privées devenaient un spectacle public. La politique ne resta pas à l’écart de ce bouleversement culturel : Marie-Antoinette comme George Washington ou Napoléon furent les témoins d’un monde politique transformé par les nouvelles exigences de la célébrité. Lorsque le peuple surgit sur la scène révolutionnaire, il ne suffit plus d’être légitime, il importe désormais d’être populaire.
À travers cette histoire de la célébrité, Antoine Lilti retrace les profondes mutations de la société des Lumières et révèle les ambivalences de l’espace public. La trajectoire de Jean-Jacques Rousseau en témoigne de façon exemplaire. Écrivain célèbre et adulé, celui-ci finit pourtant par maudire les effets de sa « funeste célébrité », miné par le sentiment d’être devenu une figure publique que chacun pouvait façonner à sa guise. À la fois désirée et dénoncée, la célébrité apparaît comme la forme moderne du prestige personnel, adaptée aux sociétés démocratiques et médiatiques, comme la gloire était celle des sociétés aristocratiques. C’est pourtant une grandeur toujours contestée, dont l’histoire éclaire les contradictions de notre modernité.
Source : http://crh.ehess.fr/index.php?4028
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Il est banal de dire que le XVIII siècle a vu se déplacer la vie sociale de la Cour vers la Ville, de Versailles vers Paris. Mais il ne suffit pas d'énumérer des anecdotes prenant pour cadre les salons de Mmc du Deffand et de Mmc Geoffrin, et de citer les écrivains ou les artistes qui les ont fréquentés. Ce qu'il faut comprendre, c'est la signification historique d'une forme de sociabilité. Ce livre offre, pour la première fois, une véritable histoire sociale et culturelle des salons parisiens du XVIII siècle, et permet de réviser de nombreuses idées reçues. Ces salons n'étaient pas, comme on le dit trop souvent, des lieux de discussion critique permettant de diffuser largement les idées des Lumières, mais bien plutôt les centres de la sociabilité mondaine, dévolus aux plaisirs de la table et du mot d'esprit, au théâtre de société comme aux intrigues politiques. C'est dans les salons que se recomposent les identités aristocratiques, que se forment les réputations littéraires et politiques, et que se prépare l'accès à la Cour. Le loisir lettré et les pratiques culturelles des salons deviennent alors un élément essentiel de la distinction aristocratique et de l'imaginaire national, tandis que de nombreux écrivains des Lumières adhèrent aux pratiques et aux idéaux des élites parisiennes et de la noblesse de Cour.
Source : https://www.fnac.com/a1672884/Antoine-Lilti-Le-monde-des-salons