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21 Jan

Historien : George L. Mosse

Publié par Dominique Rech  - Catégories :  #Historien, #20e siècle, #Totalitarismes, #Géopolitique de histoire, mémoires, #A la mémoire de

George Lachmann Mosse (né le à Berlin, mort le , à Madison, au Wisconsin) est un historien américain d'origine allemande. Historien des mentalités, il est en particulier à l'origine du concept de « brutalisation » appliqué aux sociétés qui sortent de la Guerre 1914-1918. George L. Mosse y voit la « matrice des totalitarismes ».

Il exerce une forte influence sur les historiens du fascisme et du nazisme dans le monde anglo-saxon mais aussi en Italie et, plus tard, en Allemagne1 mais le monde universitaire francophone l'a largement ignoré de son vivant2.

Biographie

George Mosse est né dans une famille juive influente : son grand-père, Rudolf Mosse, avait fondé le Berliner Tageblatt, qui connut un grand succès et reste jusqu'en 1933 un bastion de l'antinazisme ; au début des années 1930, les Mosse sont à la tête d'un empire de la presse et de l'édition3. George Mosse est quant à lui plutôt de gauche (il est membre d'un groupe d'étudiants socialistes durant sa jeunesse) mais antimarxiste et sioniste, et il assume publiquement son homosexualité3.

En 1933, il fuit en Suisse avant de s'installer en Angleterre avec sa famille en raison de la montée du national-socialisme. Il étudie à la Bootham School puis il s'installe aux États-Unis en 1936.

Il obtient un BS du Haverford College (Pennsylvanie) en 1941 et un PhD de Harvard en 1946. Par la suite, il enseigne dans plusieurs universités prestigieuses : à l'Université de l'Iowa (1944-1955), à l'Université du Wisconsin à Madison à partir de 1955 - où il reste jusqu'à sa retraite en 1988. Il enseigne par ailleurs également à Stanford, à l'Université hébraïque de Jérusalem, à Munich, Cornell, Amsterdam, Tel Aviv, ou encore Cambridge.

Un historien des mentalités et particulièrement du fascisme

Ses premiers travaux portent sur la Réforme et l'Angleterre du XVIe siècle. Ce n'est que progressivement que ses recherches s'orientent vers l'histoire intellectuelle de l'Europe occidentale en général, avant de se focaliser sur le XXe siècle et finalement l'Allemagne, le nazisme, le racisme et l'antisémitisme3. Il se range clairement dans le camp historiographique des intentionnalistes.

Historien des mentalités, il est en particulier à l'origine du concept de « brutalisation » appliqué aux sociétés qui sortent de la Première Guerre mondiale. Mosse y voit la « matrice des totalitarismes »4.

Une autre spécificité de l'œuvre de George L. Mosse est qu'il n'hésite pas à se placer « dans l'œil du cyclone3 », en participant (sous une fausse identité) à des réunions d'anciens nazis en Allemagne, ou en dialoguant avec Albert Speer, l'architecte de Hitler, pour mieux comprendre l'esthétisme du nazisme3.

Dans son livre La Révolution fasciste. Vers une théorie générale du fascisme, George L. Mosse partage la thèse de Zeev Sternhell qui énonce que la France a été le vrai berceau du fascisme dans l'ouvrage La droite révolutionnaire 1885-1914, Les origines françaises du fascisme. Effectivement, une certaine méconnaissance de la France5 le pousse à orienter ses conclusions dans le même sens que celles de l'historien israélien, dont le travail a déjà été l'objet d'une démystification, notamment par les historiens Michel Winock et Serge Bernstein6.

Cependant, l'essence des thèses de Mosse et de Sternhell divergent puisque ce dernier développe l'idée d'un fascisme tout à fait présent avant la Première Guerre mondiale, ce qui contredit la thèse de la brutalisation développé par George L. Mosse.

Œuvres

en traduction française
  • L'Europe au XVIe siècle [« Europe in the sixteenth century »] (trad. Serge Chassagne), Paris, Sirey, coll. « Histoire de l'Europe » (no 6), , 393 p. (avec Helmut Georg Koenigsberger).
  • L'Image de l'homme : l'invention de la virilité moderne (trad. de l'anglais par Michèle Hechter), Paris, Abbeville, coll. « Tempo », , 215 p. (ISBN 2-87946-149-9) ; réédité en 1999 dans la collection Agora (203) du même éditeur (ISBN 2266089137).
  • De la Grande Guerre au totalitarisme : la brutalisation des sociétés européennes [« Fallen soldiers : reshaping the memory of the world wars »] (trad. de l'anglais par Edith Magyar), Paris, Hachette littératures, , 291 p. (ISBN 2-01-235448-3).
  • La Révolution fasciste : vers une théorie générale du fascisme [« The Fascist Revolution : Toward a General Theory of Fascism »] (trad. de l'anglais par Jean-François Sené), Paris, Seuil, coll. « XXe siècle », , 265 p. (ISBN 2-02-057285-0, présentation en ligne [archive]) (recueil de textes de 1961-1996).
  • Les racines intellectuelles du Troisième Reich : la crise de l'idéologie allemande [« The crisis of German ideology »] (trad. de l'anglais par Claire Darmon), Paris, Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, , 401 p. (ISBN 2-7021-3715-6).

Extraits de la source : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_L._Mosse

Le bouleversement actuel de l'historiographie de la Grande Guerre, qui fait plus de place à la barbarie qu'à l'héroïsme des combattants, doit beaucoup à l'?uvre de l'historien américain Georges Mosse. Son concept novateur de "brutalisation" met l'accent sur l'intériorisation par les soldats d'une violence de guerre inouïe, inconnue auparavant dans l'histoire de l'Occident. Le plus étonnant dans cette mémoire du conflit étant certainement dans l'immense dénégation de cette expérience traumatisante, très visible dans la production des images et des objets commémoratifs de l'après-guerre. Pour l'illustrer, l'historien n'hésite pas à faire un détour passionnant par les cartes postales humoristiques, les jeux de sociétés, les jeux des enfants, autant d'objets de l'ordinaire délaissés par les historiens. La guerre 14-18, à travers sa radicalisation du combat, ouvrait en tout cas une boîte de Pandore d'où allait pouvoir naître la violence nazie et qui allait faire d'elle la matrice des violences totalitaires. --Hervé Mazurel

Source : https://www.babelio.com/livres/Mosse-De-la-Grande-Guerre-au-totalitarisme--La-brutalis/451929

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