Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 Feb

Historienne : Claude Gauvart

Publié par Dominique Rech  - Catégories :  #Historienne, #Histoire médiévale, #Bibliothèque historique

 

Claude Gauvard, née le  à Paris, est une enseignante-chercheuse et historienne française. Professeure émérite, titulaire de 1992 à 2009 d'une chaire d'histoire médiévale de l'Université Panthéon-Sorbonne, elle est spécialiste de l'histoire politique, sociale et judiciaire du Moyen Âge.

Biographie

Fille d'une institutrice, pupille de la Nation, et d'un technicien de la Ville de Paris, originaire de Creuse, elle intègre le lycée Victor-Duruy puis fait khâgne au lycée Fénelon où elle s'engage contre la torture et en faveur de l'Indépendance de l’Algérie1.

À la suite de ses études d'histoire à la Sorbonne entre 1961 et 1965, elle obtient l'agrégation d'histoire et géographie en 19672.

Elle soutient le 16 décembre 1989 sa thèse de doctorat d'État à l’Université de Paris-I, sous le titre Une question d’État et de société : violence et criminalité en France à la fin du Moyen Âge.

Carrière universitaire

Débutant comme assistante à l'université de Rouen en 1969, puis à la Sorbonne en 1971, elle est maître de conférences à l'université Panthéon-Sorbonne. En 1989, elle soutient sa thèse de doctorat, « Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge » (qui reçoit le prix Malesherbes et le prix Gobert de l'Académie des inscriptions et belles-lettres), et devient professeure d'histoire du Moyen Âge à l'université de Reims en 1990, puis à l'université Panthéon-Sorbonne (1992) où elle a enseigné l’histoire du Moyen Âge jusqu'en 20092.

Elle a été membre senior de l’Institut universitaire de France pendant 10 ans (1997-2007)2.

En 1998, Jean-François Sirinelli et Claude Gauvard succèdent à René Rémond et Jean Favier à la direction de la Revue historique2,3. Olivier Mattéoni lui succède en 20244. Elle est également codirectrice de la collection « Le Nœud gordien » aux Presses universitaires de France.

Elle dirige l'École doctorale d'Histoire de l'université Panthéon-Sorbonne de 1998 à 2005.

Elle est présidente du jury de l'agrégation d'histoire de 1998 à 2001 et de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (SHMESP) de 1995 à 2001.

En 2009, elle préside la Société de l'histoire de France5.

En 2010, un collectif de 62 historiens et historiennes publient un ouvrage scientifique en son honneur6.

Elle siège au conseil d'administration de l'Association française pour l'histoire de la justice7, au Haut comité des commémorations nationales8 et au Comité d'histoire de la ville de Paris9. Elle démissionne du Haut comité des commémorations nationales, avec neuf autres membres sur douze, par une lettre collective publiée dans Le Monde en 10. Ils protestent ainsi contre la décision de la ministre de la culture, Françoise Nyssen, de retirer le nom de Charles Maurras du Livre des commémorations nationales 2018, alors que ce choix avait été préalablement validé11,12,13.

Apports

]
Histoire de la justice

Élève de Bernard Guenée, son directeur de thèse, et influencée par Jacques Le Goff, Claude Gauvard se consacre à l'histoire de la justice à la fin du Moyen Âge, en s'appuyant notamment sur les méthodes de l'anthropologie et de la sociologie. Sa thèse de doctorat est publiée en 1991 sous le titre « De grace especial » — Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge. Elle est récompensée par le prix Malesherbes de l'Association pour l'histoire de la justice et par le prix Gobert de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

À travers le prisme de la justice, Claude Gauvard étudie les modes de régulation du lien social dans la société ritualisée de la fin du Moyen Âge. D'après elle, les supplices en général et la peine de mort en particulier sont assez rares au Moyen Âge. Les sociétés médiévales ne seraient d'ailleurs pas particulièrement violentes, car régulées par le régime de l'honneur. S'attachant particulièrement aux usages, aux procédures et aux discours de la grâce, de la rémission et de l'arbitrage, elle montre la force de la notion d'honneur dans la société médiévale.

Selon une perspective inspirée de l'anthropologie juridique anglo-américaine, elle insiste sur le caractère régulateur de l'activité judiciaire, qu'elle envisage comme un mécanisme de « résolution des conflits » parmi d'autres. Son étude de la criminalité permet ainsi de souligner à quel point les hommes et les femmes du Moyen Âge sont des « sujets en conflit »"14 qui participent de la construction judiciaire du pouvoir royal.

Humanités numériques

Claude Gauvard fait également partie des pionnières des humanités numériques.

Dans les années 1980, elle utilise les cartes perforées pour contribuer à l'analyse des sources de sa thèse de doctorat d’État. Elle encode ainsi 750 lettres de rémissions datées du règne de Charles VI en fonction de 172 variables15. Ce travail, mené au Centre de calcul de l’université de Paris 1 avec le concours du personnel et d'étudiants en maîtrise, lui permet d'effectuer environ 500 tris et de générer de nombreux graphiques. Elle interprète ensuite les résultats à la fois par la méthode de l'analyse factorielle et par un retour à la lecture du texte original15,16.

Direction de recherches

Elle a dirigé, entre autres, les thèses de doctorat de Nicolas Offenstadt et de Véronique Beaulande-Barraud.

Publications

  • « De Grace especial » : Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, vol. 1 & 2, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 24), , LXXXV-1025 p. (ISBN 2-85944-209-X, présentation en ligne [archive]), [présentation en ligne [archive]] Accès libre sur Openedition : https://books.openedition.org/psorbonne/35658 [archive].
    Reproduction en fac-similé : « De Grace especial » : Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Les classiques de la Sorbonne » (no 1), , LXXXV-1025 p. (ISBN 978-2-85944-641-3).
  • Dir., La renommée, n° de la revue Médiévales, 24 (1993).
  • La France au Moyen Âge du Ve au XVe siècle, Paris, PUF, 1996, rééd. 2010.
  • Avec Françoise Autrand et Jean-Marie Moeglin (dir.), Saint-Denis et la royauté : études offertes à Bernard Guenée, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999.
  • Avec Robert Jacob (dir.), Les rites de la justice au Moyen Âge, Paris, Le Léopard d'or, 2000.
  • Avec Alain de Libera et Michel Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, PUF, 2002.
  • Avec Pierre Boglioni et Robert Delort (dir.), Le petit peuple dans l'Occident médiéval : terminologies, perceptions, réalités : actes du Congrès international tenu à l'Université de Montréal (18-23 octobre 1999), Paris, Publications de la Sorbonne, 2002.
  • Avec Jean-Louis Robert (dir.), Être parisien : actes du colloque organisé par l'École doctorale d'histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris-Île-de-France (26-28 septembre 2002), Paris, Publications de la Sorbonne, 2004.
  • Avec Claire Boudreau, Kouky Fianou et Michel Hébert (dir.), Information et société en Occident à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004.
  • Violence et ordre public au Moyen Âge, Paris, Picard, 2005.
  • Avec Joël Laiter, Notre-Dame de Paris, Paris, Éditions du Chêne, 2006.
  • Avec Jacques Chiffoleau et Andrea Zorzi (dir.), Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l'Occident à la fin du Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2007.
  • Dir., L'Enquête au Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2008.
  • Le Moyen Âge, Paris, la Martinière, 2010
  • Dir. avec Jean-François Sirinelli, Pascal Cauchy, Les historiens français à l'œuvre, 1995-2010, Paris, PUF, 2010
  • Avec Loïc Cadiet, Frédéric Chauvaud, Pauline Schmitt-Pantel et Myriam Tsikounas (dir.), Figures de femmes criminelles de l'Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010.
  • Le temps des Valois, Paris, PUF, coll. « Une histoire personnelle de », 2013
  • Le temps des Capétiens, Paris, PUF, coll. « Une histoire personnelle de », 2013
  • La France au Moyen Âge du Ve au XVe siècle, Paris, PUF, 2014
  • Sous sa direction et celle de Boris Bove, Le Paris du Moyen Âge, Belin, 2014.
  • Sous sa direction et celle de Jean-François Sirinelli, Dictionnaire de l'historien, PUF, 2015, 786 pages.
  • Sous sa direction, Une histoire de France, Paris, PUF, 2017.
  • Condamner à mort au Moyen Âge. Pratiques de la peine capitale en France XIIIe – XVe siècle, Paris, PUF, 2018.
  • Jeanne d'Arc : héroïne diffamée et martyre, Paris, Gallimard, coll. « L'esprit de la cité / Des femmes qui ont fait la France », , 192 p. (ISBN 978-2-0701-7855-1).
  • Passionnément Moyen Âge : Plaidoyer pour le petit peuple, Taillandier, , 320 p. (ISBN 979-1021054165).

Extraits de la source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Gauvard

 

Aimer le Moyen Âge, c’est embrasser mille ans d’histoire. C’est, dans ce temps long, traquer les images stéréotypées : chaos, violence, rudesse des moeurs… Si les élites échappent parfois à ce sombre tableau, les petites gens en constituent la cible privilégiée.

Ce livre rassemble une vingtaine de textes, écrits par l’une des plus éminentes spécialistes du Moyen Âge pour déconstruire cette image qui alimente nos fantasmes : la réalité est autre. Les archives permettent de décrire une société forte du respect de la tradition, ancrée dans un temps rituel, où hommes et femmes ont des rôles séparés et complémentaires.

N’imaginons pas une société passive, écrasée par le poids des dominations – certes nombreuses. Les petites gens des derniers siècles du Moyen Âge participent à la construction de l’État, manifestent leur opinion et, au sein du royaume de France, deviennent des sujets politiques.

Source : https://www.tallandier.com/livre/passionnement-moyen-age-2/

 

Notre-Dame de Paris a failli disparaître. Lors du terrible incendie du 15 avril 2019, l’émotion a submergé le monde, révélant que la cathédrale était le patrimoine de tous. Pourtant, Notre-Dame n’a jamais été une église nationale mais, entre l’Église et l’État, elle s’est imposée au cours du temps comme la cathédrale de la France.
Comprendre sa place, c’est dérouler son histoire, encore mal connue faute de fouilles complètes et en raison d’archives dispersées. C’est donner la parole à ses pierres, qui ont modelé le style gothique au XIIIe siècle, et également à ses évêques, archevêques, chanoines, petits clercs et à la société qui ont fait de ce monument un lieu de vie.
La grande historienne Claude Gauvard retourne aux origines de la construction de la cathédrale et nous livre sa fascinante histoire, du Moyen Âge jusqu’aux travaux de Viollet-le-Duc au XIXe siècle.

Source : https://www.quesaisje.com/notre-dame-de-paris

 

Elle a fait la France de son vivant et plus encore pendant les siècles qui suivirent son martyre. Son irruption dans la guerre de Cent Ans change le cours de l'Histoire. Guidée par des voix qui lui intiment de bouter les Anglais hors du royaume, Jeanne devient la Pucelle, chef de guerre et héros politique. Elle communique sa hardiesse à ses compagnons d'armes et à Charles VII, qu'elle fait sacrer à Reims.Mais sa renommée, jusqu'au-delà des frontières, ne se résume pas à sa vaillance. Elle est également édifiée par tous ceux qu'effraie la figure d'une femme prophétesse et guerrière : Jeanne d'Arc terrorise les Anglais et sans doute ses juges. Ils font d'elle une «putain ribaude» et une sorcière, la capturent, l'emprisonnent, la soumettent à un procès inique qui la condamne au feu.C'est la construction d'un personnage maléfique que ce livre donne à lire, en interrogeant les sources à frais nouveaux. Le procès de condamnation, véritable tribunal d'inquisition, fabrique des chefs d'accusation pour déshonorer la Pucelle : son alliance avec le diable, ses échanges avec les démons, le signe mystérieux qu'elle aurait présenté à Charles VII pour le persuader d'asseoir son pouvoir légitime...Pourtant, son courage et son supplice n'ont pas suffi à lui attirer la reconnaissance du roi. Pour lui, Jeanne d'Arc a en partie échoué dans ses prophéties comme dans la guerre.Reste le peuple, dont on explore ici les croyances et les peurs ; car c'est le peuple qui restitue finalement à Jeanne d'Arc son honneur, avant que la légende ne s'en empare.

Source : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070178551-jeanne-d-arc-heroine-diffamee-et-maryre-claude-gauvard/

 

« Digne de mourir, comme inutile au monde » : c’est en ces termes que les archives ont conservé la trace de la condamnation à mort d’un valet déclaré coupable de vol, à Paris, en 1391. Est-ce là une simple tournure de phrase destinée à la postérité, ou cette expression traduit-elle la réalité d’un jugement considérant l’« utilité au monde » comme un prérequis au droit de vivre ? Et ce « monde », est-il celui du roi, qui affirme ainsi son pouvoir sur ses sujets, ou celui d’une chrétienté qui ne considère plus que le criminel peut être racheté ?

Condamner à mort au Moyen Âge n’est pas un acte plus anodin qu’aujourd’hui. Il n’est pas non plus, semble-t-il, plus fréquent. Et si la condamnation est un outil d’affirmation du pouvoir royal, ce n’est pas par sa nature coercitive ou arbitraire, mais par l’encadrement des juges et la pratique de la grâce. C’est là l’autre pan d’un Moyen Âge rénové depuis plusieurs décennies que Claude Gauvard révèle, avec cette volonté d’approcher au plus près, par un examen minutieux et clairvoyant des sources, la cohérence d’une société médiévale qui nous est à la fois étrangère et pourtant fondatrice.

Source : https://www.puf.com/condamner-mort-au-moyen-age

Archives

À propos

Dominique RECH