Témoin : Ginette Kolinka
/image%2F4577849%2F20250211%2Fob_3c2ae1_ginette-kolinka-lors-d-un-temoigne.jpg)
Ginette Kolinka, née Cherkasky le à Paris 11e, est une survivante du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et, à partir des années 2000, passeuse de mémoire de la Shoah1.
Biographie
Ginette Cherkasky naît le dans une famille juive athée2. Elle a cinq sœurs aînées et un frère cadet, Gilbert, né le .
Son père, Léon Cherkasky, d’origine ukrainienne3, né à Paris le , est tailleur et dirigeant d’un petit atelier de fabrication d’imperméables dans le quartier du Faubourg du Temple. Sa mère, Berthe Fairstin, née le à Pitești en Roumanie, est femme au foyer.
Dans les années 1950, elle se marie avec Albert Kolinka (1913-1993)4, avec qui elle a un fils Richard Kolinka5, batteur du groupe de musique Téléphone, dont les premières répétitions du 2 au se dérouleront dans sa cave6.
Jusqu'aux années 90, elle est marchande foraine au marché de la Porte de la Villette à Aubervilliers4.
Elle est la grand-mère de l'acteur Roman Kolinka.
Elle passe sa petite enfance dans le 11e arrondissement de Paris puis à Aubervilliers avec ses parents, ses cinq sœurs et son frère7,8,9.
La Seconde Guerre mondiale bouleverse sa famille quand son oncle et son beau-frère sont arrêtés en 1941.
En , sa famille fuit son domicile en raison de son arrestation imminente. Ils rejoignent alors la zone libre, non occupée par les Allemands, et trouvent refuge à Avignon (Vaucluse).
Le , à dix-neuf ans, elle est arrêtée avec son père, Léon Cherkasky10, son jeune frère de douze ans2, Gilbert Cherkasky, et son neveu de quatorze ans, Georges Marcou11, par la Gestapo à la suite d'une dénonciation12. D'abord incarcérée à la prison d'Avignon puis à celle des Baumettes, la famille est ensuite internée au camp de Drancy. Un mois plus tard, la famille est déportée par le convoi no 71 du 13 avril 194413 en direction du camp d'Auschwitz-Birkenau. C'est le même convoi que Simone Veil14. Dès l'arrivée du train, son père ainsi que son frère sont gazés. Ginette, quant à elle, est sélectionnée pour le travail et rejoint le camp des femmes.
D' à , elle connaît un parcours marqué par son passage dans les camps de Bergen-Belsen et de Theresienstadt15. Au camp de Bergen-Belsen, elle travaille dans une usine de pièces d'aviation. Elle contracte le typhus durant cette période. En , elle change de camp mais, à son arrivée, le camp est libéré, et elle est donc accueillie par les Alliés et rapatriée à Lyon avant de rejoindre Paris le pour retrouver les membres de sa famille qui ont survécu16 : sa mère et quatre de ses cinq sœurs8.
Pendant quarante ans, elle tient un étal de bonneterie sur un marché d’Aubervilliers avec son mari. Longtemps, elle ne souhaite pas transmettre son histoire et l'horreur de la Shoah en disant qu'elle ne veut pas « ennuyer les gens ». Mais peu à peu l'envie de parler lui vient. Au début des années 2000, veuve, elle pousse la porte d’une association d’anciens déportés17. Ginette Kolinka devient une ambassadrice de la mémoire qui sillonne la France pour raconter son vécu aux jeunes générations15. Elle va d’établissement en établissement scolaire pour parler de la Shoah et sensibiliser les jeunes à cela.
Elle est l'une des participantes du documentaire « Les copines de Birkenau » (2024)18.
Dans le cadre des élections législatives françaises de 2024, Serge Klarsfeld déclare que s'il était confronté à un duel entre La France insoumise et le Rassemblement national, il voterait, « sans hésitation », pour le candidat RN, et nie l'actuel antisémitisme d'extrême droite en continuum avec le fascisme historique, accusant ce qu'il classe à l'extrême gauche d'être actuellement véritablement antisémite en revanche. Il est fortement critiqué par Ginette Kolinka19, qui lui répond notamment que c'est bien en raison de la présence de l'extrême droite au pouvoir qu'elle a été déportée20, témoignant de son inquiétude et de son incompréhension face à ce point de vue politique, tout en exprimant dans le cadre de ses engagements mémoriels qu'elle regrette l'oubli de l'histoire, sa déformation et la recrudescence des comportements antisémites en rapport avec le conflit israélo-palestinien. Elle ne croit pas dans ce contexte que l'extrême droite puisse jamais sincèrement défendre les Juifs et être plus ouverte que le camp progressiste21.
Source :
/image%2F4577849%2F20250211%2Fob_ed245d_9782226465269-j.jpg)
En avril 1944, à 19 ans Ginette Kolinka est déportée au camp d'extermination Auschwitz II-Birkenau.
Elle n'en parle pas durant 50 ans, avant d'accepter d'être filmée pour la "Shoah Foundation", que Steven Spielberg vient de créer.
À la grande surprise de la septuagénaire, les souvenirs enfouis rejaillissent. Elle se lance à corps perdu dans le témoignage.
En octobre 2020, à 95 ans, elle permet à Victor Matet et Jean-David Morvan de l'accompagner lors d'un de ses voyages de groupe en Pologne, à l'issue duquel elle décide de ne plus jamais revenir.
Dans cet album bouleversant mis en images avec pudeur et puissance par Efa, Cesc et Roger, elle fait le point entre son premier et son dernier passage dans " le plus grand cimetière du monde " avec ce mélange unique de force, d'humour et d'espoir qui la caractérise.
Sélection Prix BD FNAC/FRANCE INTER 2024
Source : https://www.albin-michel.fr/adieu-birkenau-9782226465269

Ginette Kolinka, qui va fêter ses 98 ans, habite le même appartement depuis qu’elle a dix ans.
Elle a toujours vécu là, rue Jean-Pierre Timbaud, au cœur de Paris, à l’exception de trois ans : de 1942 à 1945.
Cet appartement, c’est sa vie qui défile devant nos yeux. Il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus de Birkenau : son père, son petit frère, son neveu.
Les disques d’or de son fils unique, Richard, batteur du groupe Téléphone.
Les photos de ses cinq sœurs, Ginette est la cadette, des petits-enfants, des arrière-petits-enfants.
Les dessins des écoliers, à qui elle raconte désormais son histoire, tous les jours, aux quatre coins de la France.
Et même les meubles qu’ont laissés les « collabos ».
Ginette nous fait la visite.
On traverse le temps : l’atelier de confection de son père, la guerre, ce mari adorable et blagueur. Les marchés, qui l’ont sauvée. Et les camps qui affleurent à chaque page, à chaque pas.
Mais Ginette, c’est la vie ! Le grand présent. « On me demande pourquoi je souris tout le temps, mais parce que j’ai tout pour être heureuse ! »
Source : https://www.grasset.fr/livre/une-vie-heureuse-9782246832386/

"Moi-même je le raconte, je le vois, et je me dis c'est pas possible d'avoir survécu..."
Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 à Avignon avec son père, son petit-frère de douze ans et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Auschwitz-Birkenau : elle sera seule à en revenir, après avoir été transférée à Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt. Dans ce convoi du printemps 1944 se trouvaient deux jeunes filles dont elle devint amie, plus tard : Simone Veil et Marceline Rosenberg, pas encore Loridan – Ivens.
Aujourd’hui, à son tour, Ginette Kolinka raconte ce qu’elle a vu et connu dans les camps d’extermination. Ce à quoi elle a survécu. Les coups, la faim, le froid. La haine. Les mots. Le corps et la nudité. Les toilettes de ciment et de terre battue. La cruauté. Parfois, la fraternité. La robe que lui offrit Simone et qui la sauva. Que tous, nous sachions, non pas tout de ce qui fut à Birkenau, mais assez pour ne jamais oublier ; pour ne pas cesser d’y croire, même si Ginette Kolinka, à presque 94 ans, raconte en fermant les yeux et se demande encore et encore comment elle a pu survivre à "ça"...
Source : https://www.grasset.fr/livre/retour-birkenau-9782246820703/