Historien : Pierre GONNEAU
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Professeur des universités
Cultures et sociétés d'Europe orientale, balkanique et médiane
Études slaves
Archiviste-paléographe de formation, j’ai soutenu sa thèse de doctorat en 1989 à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, sous la direction du médiéviste Robert Fossier. Cette thèse était consacrée aux origines du monastère de la Trinité Saint-Serge, l’une des principales abbayes russes du Moyen-Age tardif (1345-1533). Recruté maître de conférences en 1994 à l’UFR d’Études slaves de l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV à l’époque), j’ai soutenu mon Habilitation à diriger des recherches, « Espace et
imaginaires de l’espace en Russie » en 1999 ; j’ai été recruté comme professeur en 2000, au sein de la même UFR. Parallèlement, j’ai été élu directeur d’études cumulant à la Section des sciences historiques et philologiques de l’École Pratique des Hautes Études (2000). J’ai dirigé l’UMS Centre d’études slaves (1999-2013), devenue en 1994 UMR EUR ORBEM. J’ai été président de l’Institut d’études slave, association française des slavistes, de 2015 à 2021. Depuis le 1er septembre 2022, je suis directeur de l’UFR d’Études slaves de la Faculté des Lettres de Sorbonne université.
Mes recherches et publications portent sur l’histoire de la Rus’ de Kiev (Xe
-XIIIe siècles), première formation politique à l’Est de l’Europe, entre la Baltique et la mer Noire, creuset d’où sont issues la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine. Cet héritage partagé est étudié en soi, mais aussi en lien avec les revendications qui en sont faites par les pays héritiers, jusqu’à nos jours. Je travaille aussi sur la Russie moscovite (XIVe
-XVIIe siècles), en particulier sur l’écriture de l’histoire et les rapports entre texte et iconographie dans la construction impériale russe. Plus récemment, je me suis intéressé au rapport des Russes à la guerre sur le temps long (XVIe-XXIe siècles).
Principales publications (monographies et ouvrages collectifs)
1. La Maison de la Sainte Trinité : un grand monastère russe du Moyen-Age tardif (1345-
1533), Paris : Klincksieck, 1993, 546 p.
2. Moines et monastères dans les sociétés de rite grec et latin, Genève ; Paris : Droz ;
Champion, 1996, 504 p. (École pratique des Hautes Études. Hautes Études médiévales
et modernes 76), en collaboration avec J.-L. Lemaitre et M. Dmitriev.
3. Histoire des Slaves orientaux des origines à 1689 : bibliographie des sources traduites
en langues occidentales, sous la direction de V. Vodoff, Paris : CNRS ; Institut d'Études
Slaves, 1998, 256 p. (Collection historique de l'Institut d'études slaves 39), en
collaboration avec A. Berelowitch et M. Cazacu. Nouvelle édition numérique revue par
P. Gonneau. Mise en ligne en janvier 2016 http://eurorbem.parissorbonne.fr/IMG/pdf/histoire_des_slaves_orientaux.pdf
4. Contribution à l’histoire de la slavistique dans les pays non slaves = Beiträge zur
Geschichte der Slawistik in den nichtslawischen Ländern = K istorii slavistiki v
neslavjanskix stranax, Wien ; Paris, 2005, 571 p. (Schriften der Balkankommission
Linguistische Abteilung / Österreichische Akademie der Wissenschaften 46) (Travaux
publiés par l’Institut d’études slaves 46), en collaboration avec G. Brogi Bercoff et H.
Miklas.
5. À l’aube de la Russie moscovite : Serge de Radonège et André Roublev : légendes et
images (XIVe-XVIIe siècles), Paris, 2008, 367 p. (Bibliothèque russe de l’Institut
d’études slaves 114)
6. Collaboration au catalogue Sainte Russie : l’art russe des origines à Pierre Le Grand,
sous la direction de J. Durand, D. Giovanonni, I. Rapti, Paris, 2010, 743 p. [rédaction
des introductions historiques de chacune des huit parties, relecture de l’ensemble de
l’ouvrage]
7. Mérimée, Prosper, Épisode de l’histoire de Russie : les faux Démétrius, Genève,
Champion, 2012, 591 p. (Œuvres complètes de Mérimée. Histoire de Russie I), en
collaboration avec J.-L. Backès.
8. Des Rhôs à la Russie : histoire de l’Europe Orientale (v.730-1689), Paris, PUF, 2012,
679 p. (Nouvelle Clio) [rédaction de 10 chapitres sur 12], en collaboration avec A.
Lavrov. Traduction russe : Ot Rosov do Rossii. Istorija Vostočnoj Evropy, 730-1689,
Saint-Pétersbourg : Evrazija, 2017, 815 p.
9. Écrire et réécrire l’histoire russe, d’Ivan le Terrible à Vasilij Ključevskij (1547-1917),
Paris, 2013, 286 p. (Collection historique de l’Institut d’études slaves 51), en
collaboration avec E. Rai.
10. Ivan le Terrible ou le métier de tyran, Paris, Tallandier, 2014, 556 p. (Biographies),
nouvelle édition revue, Paris, Tallandier, 2023, 602 p. (Texto)
11. Histoire de la Russie. D’Ivan le Terrible à Nicolas II, 1547-1917, Paris, Tallandier,
2016, p., , nouvelle édition revue, Histoire de la Russie des tsars, D’Ivan le Terrible à
Nicolas II, 1547-1917, Paris, Tallandier, 2022, 599 p. (Texto)
12. La Russie impériale : L’empire des Russes et des non-Russes (1689-1917), Paris, PUF, 2019, 604 p. (Nouvelle Clio), en collaboration avec A. Lavrov et E. Rai.
13. Collaboration à Deschler, Jean-Paul, Manuel du slavon liturgique, 2e
édition revue et augmentée. T.2, Dictionnaire slavon-français, Paris : Institut d’études slaves, 2019, 247 p. (Collection de manuels publiés par l’Institut d’études slaves IX.2)
14. Novgorod : histoire et archéologie d’une république russe médiévale (970-1478),
Paris : CNRS éditions, 2021, 246 p. (L’Esprit des lieux)
15. Les plus anciennes chartes russes. Fonds des Archives municipales de Riga, XIIe
-XIVe siècles = Drevnejšie russkie gramoty. Fondy arxivov rižskogo magistrata XII-XIV vv., Turnhout : Brepols, 2021, 410 p. (Monumenta Palaeographica Medii Aevi. Series
Rossica 1), en collaboration avec Aleksandrs Ivanovs et Anatoly Kuznetsov.
16. Joseph de Baye. De l’Aube à l’Ob : art, archéologie, ethnographie. Écrits des années
1874-1925, en collaboration avec Jean-Jacques Charpy, Michel Kazanski, Olessia
Koudriavtseva-Velmans, Paris, Institut d’études slaves, 2022, 811 p. (Bibliothèque
russe de l’Institut d’études slaves 139)
17. Les Chrétientés orthodoxes post-byzantines face à l’Europe de la Réforme et des Temps Modernes (1450-1700) : circulations, similitudes, correspondances, en collaboration avec Sabine Frommel, Rome, Campisano, 2022, 319 p. (Hautes Etudes. Histoire de l’art)
18. La guerre russe, ou le prix de l’Empire. D’Ivan le Terrible à Poutine, Paris, Tallandier,
Ministère des armées, 2023, 539 p.
Chapitres d’ouvrages, direction de numéros thématiques, articles de fond
1. "L'Église russe: asservissement, permanence et dissidences", dans Histoire du
Christianisme : des origines à nos jours, t. IX L'Âge de raison (1620/30-1750), Paris :
Desclée, 1997, p. 501-537
2. "La Rus’ de Kiev, une société féodale ? (860-1240) : les théories en présence", Journal des savants, 1999.1, p. 167-225
3. "L’Ideale della santità monastica e la dinastia moscovita (1389-1537) : il principe di
fronte alla morte", dans Forme della santità russa : atti dell' VIII Convegno ecumenico
internazionale di spiritualità ortodossa. Sezione russa, éd. A. Mainardi, Bose, Qiqajon,
2002, p.83-139.
4. "Le Faust russe ou L’Histoire de Savva Grudcyn", Journal des savants, juilletdécembre 2004, p. 423-484.
5. Direction du dossier « Liturgie et histoire dans l’Église russe médiévale », Revue des
études slaves, LXXVI, 2005, p. 9-74.
6. "Andrej Rublev e la sua epoca. Il pittore e la pittura nella Moscovia del tardo
Medioevo", dans Andrej Rublev e l’icona Russa russa : atti dell' XIII Convegno
ecumenico internazionale di spiritualità ortodossa. Sezione russa, éd. A. Mainardi,
Bose, Qiqajon, 2006, p. 29-59.
7. "De Constantinople à Moscou : le nouvel empire", et "Le Voyage au-delà des trois mers d’Afanasij Nikitine", dans Histoire du monde au XVe
siècle, éd. P. Boucheron, J. Loiseau, P. Monnet, Y. Potin, Paris, 2009, p. 175-191 et 570-576.
8. "L’Église face aux crises dynastiques en Moscovie, XVe
-XVIIe s.", dans Religion und Integration im Moskauer Russland. Konzepte und Praktiken, Potentiale und Grenzen. 14. – 17. Jahrhundert, éd. L. Steindorff, Wiesbaden: Harrassowitz 2010, p. 25-48 (Forschungen zur osteuropäischen Geschichte 76)
9. "Des Églises slaves florissantes" et "Nouveaux visages du monde orthodoxe", dans
Histoire générale du christianisme. T.1 Des origines au XVe siècle, Paris, PUF, 2010,
p.1142-1170 et 1230-1276; "Réformer l’Église russe (1551-1700)" et "L’Église au
service de l’autocratie: les débuts de la période synodale en Russie (1700-1800)", ibid.
T.2 Du XVIe
siècle à nos jours, Paris, PUF, 2010, p. 287-293 et 383-389.
10. "Récits des origines et fondation des dynasties slaves à travers les premières chroniques polonaise, russe et tchèque", Livret-Annuaire de l’Ecole pratique des Hautes Etudes, année 2008-2009, Paris, 2010, p. XXI-XLIX.
11. Direction du numéro « André Mazon (1881-1967) et les études slaves », Revue des
études slaves 82.1 (2011), 158 p.
12. "Saints corps et corps impurs dans la tradition de la Rus’ de Kiev (XIe
-XIIIe s.)", in Il corpo impuro e le sue rappresentazioni nelle letterature medievali, Alessandria, 2012, p. 397-433 (Ricerche Intermedievali 5)
13. "La « Santa » idea di impero nel XVI secolo. Andrej Kurbskij e la dottrina du Mosca
terza Roma", in Russia, l’impero : saggi di storia e cultura, éd. F. Randazzo, Tricase,
2013, p. 29-55.
14. "La Chronique enluminée d’Ivan le Terrible (1568-1576) : études et perspectives ",
Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions, 2013.IV (novembre-décembre), p.
1511-1533.
15. Direction du dossier Chroniques et enluminures au temps des premiers tsars, dans
Revue des études slaves, t. 87.3-4, 2016, p. 318-384.
16. "L’image en Russie au siècle d’Ivan le Terrible", in L’icône dans la pensée et dans l’art : Constitutions, contestations, réinventions de la notion d’image divine en contexte
chrétien, coordonné par Kristina Mitalaitė et Anca Vasiliu, Turnhout, 2017, p. 357-386
(Byzantios. Studies in Byzantine History and Civilization, 10)
17. "Les tableaux maudits, en France et en Russie", dans Russia, Oriente slavo e Occidente europeo : fratture e integrazioni nella storia e nella civiltà, a cura di Claudia Pieralli, Claire Delaunay, Eugène Priadko, Firenze : Firenze University Press, 2017, p. 179-194 (Biblioteca di studi slavistici 36)
18. Codirection avec Natalia Bernitskaia du numéro Все чьто словеньски бесҍдүють :
Communications de la délégation française au XVIe Congrès international des
slavistes, Belgrade, 20-27 août 2018, Paris, 2018, 273 p. (Revue des études slaves 89.1- 2)
19. "Hungary In The Pages Of Ivan The Terrible’s Illuminated Chronicle (1568-1576)", in
Hungary and Hungarians in Central and East European Narrative Sources (10th
-17th Centuries), éd. D. Bagi, G. Barabás, M. Font, E. Sashalmi, Pécs : University of Pécs, 2019, p. 189-208.
20. "Massimo il Greco e la morte del primo zarevič Dmitrij (1553): episodio storico o
aneddoto edificante ?", in Mediazioni letterarie : itinerari, figure e pratiche, a cura di
Enrico Di Pastena, vol.1, Pise : Pisa University Press, 2019, p. 99-124 (Viaggi per scene
in movimento 4)
21. Codirection avec Sylvie Archaimbault du numéro Paris 1921 : l’Institut d’études slaves acteur de la slavistique, Revue des études slaves, t.91.1-2, 2020, 245 p.
22. "Le concile de Florence comme prélude à la symphonie russe", in Autocéphalies.
L’exercice de l’indépendance dans les Églises slaves orientales (IXe
-XXIe siècle), éd. M.-H. Blanchet, F. Gabriel, L. Tatarenko, Rome : École française de Rome, 2021, p. 245-273 (Collection de l'École française de Rome 572)
23. “Russia from the Mongol Invasion to the Death of Ivan The Terrible (1242-1584)”,
ch.17 de The Routledge Handbook of Public Taxation in Medieval Europe, edited by
Denis Menjot, Mathieu Casesar, Florent Garnier, Pere Versés Pijuan, London; New
York, Routledge, p. 372-388.
Extraits de la source : https://lettres.sorbonne-universite.fr/personnes/pierre-gonneau
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À l’Ouest, on associe la Russie à une forme de lutte extrême, offensive ou défensive. C’est par la guerre que la Russie des tsars est entrée dans le concert des nations européennes. L’URSS s’est posée en champion de la paix et de l’amitié entre les peuples, mais c’est par la guerre qu’elle est devenue une superpuissance, avant de s’effondrer.
Dans le discours identitaire russe actuel, l’orthodoxie et la guerre, dans leur dimension sacrificielle, occupent de plus en plus de place. Depuis 2000, le régime de Vladimir Poutine pratique une politique de repli agressif qui a engendré des « opérations militaires » aux ambitions croissantes, débouchant sur l’invasion de l’Ukraine en 2022. Il mobilise l’Histoire, de même que les ressources matérielles et humaines du pays, mais, paradoxalement, refuse encore de se déclarer en guerre.
Pour mieux comprendre l’actualité, ce livre se donne le recul du temps long, du règne d’Ivan le Terrible à nos jours, depuis la prise de Kazan sur la Volga (1552) et la première tentative de conquête russe des pays baltes (1558-1583), jusqu’aux événements de 2022-2023.
Source : https://www.tallandier.com/livre/la-guerre-russe/
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Ouvrir les portes de la cité la plus fameuse de l’histoire médiévale russe, Novgorod, c’est entrer dans un monde fabuleux et méconnu, aux origines mêmes d’une puissance millénaire. Pour en saisir l’esprit, il faut naviguer entre les textes et les vestiges, tenter de faire la part du mystère et de la vérité historique. Riourik, héros mythique, y a-t-il fondé la Russie, ou la « Ville Neuve » est-elle apparue lorsqu’une libre association d’aventuriers vikings, commerçant les armes à la main, s’est installée aux bords du fleuve Volkhov ? Novgorod invite à l’aventure et au rêve.
L’historien Pierre Gonneau nous guide à travers l’écheveau des rues et des monuments de la ville la plus peuplée de Russie au début du XIIIe siècle, avec près de 30 000 habitants. Comme les marchands allemands de la Hanse venus acquérir de précieuses fourrures, l’auteur s’arrête devant la blanche cathédrale Sainte-Sophie, symbole du lieu. Il parcourt le territoire sur lequel cette cité exerçait son pouvoir, envoyant ses jeunes gaillards batailler sur les rives de la mer Blanche comme aux confins de la Volga.
Les aspects politiques, économiques et artistiques y sont présentés avec précision, rappelant la puissance et le rayonnement de cette cité libre, presque « république », qui résiste à Alexandre Nevski. Si ce modèle politique disparaît sous les coups d’Ivan III en 1478, il subsiste encore un peu de cet esprit si singulier dans les icônes et les manuscrits de prestige, comme dans les étonnants billets sur écorce de bouleau qui racontent les travaux et les jours.
Source : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/histoire/novgorod/
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De Pierre le Grand à Nicolas II, la Russie s’affirme comme un des acteurs majeurs du concert des nations européennes, empire multiethnique et multiconfessionnel à cheval sur deux continents et objet d’une quête identitaire entre nationalisme, spiritualité orthodoxe et mystique révolutionnaire.
Pierre le Grand projette son empire sur la scène internationale et le remodèle, dans une transformation qui s’apparente à une réinvention complète du peuple russe. Puis, sous le sceptre de quatre impératrices, la Russie se porte à la tête des nations civilisées, tandis qu’au XIXe siècle, au contraire, le trône est occupé par des empereurs affichant un style de gouvernement masculin. Sous Alexandre Ier, le rayonnement du pays atteint son apogée avec la victoire remportée sur Napoléon, avant que son successeur, Nicolas Ier, s’attire une hostilité quasi générale dans son rôle de « gendarme de l’Europe ». La défaite de Crimée (1855) ouvre enfin une période de tension extrême. L’alliance avec la France, scellée à la veille du XXe siècle, ainsi que les défis logistiques et militaires auxquels la Russie est confrontée l’amènent au grand tournant d’octobre 1917.
Source : https://www.puf.com/la-russie-imperiale-lempire-des-tsars-des-russes-et-des-non-russes-1689-1917