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27 Nov

Guerre Froide

Publié par Herodotevidéos  - Catégories :  #Histoire contemporaine, #XXe siècle

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dès 1947, l'Europe se divise en deux camps ennemis, avec la mise en place d'un « rideau de fer », de Lubeck jusqu'en Tchécoslovaquie et au-delà. Enclavée dans la zone d'occupation soviétique, l'ancienne capitale allemande, Berlin, est elle-même partagée entre les Occidentaux et les Soviétiques. Ces derniers tentent d'en chasser leurs anciens alliés en organisant le blocus de l'ancienne capitale du Reich ! Mais leur échec face à la détermination des Anglo-Saxons va cristalliser les tensions entre les deux blocs et conduire à la construction du Mur. Berlin-Ouest est le principal espace de transit des Allemands de l'Est émigrant à l'Ouest. En 1958, déjà plus de trois millions d'Allemands de l'Est ont fui pour la RFA. Cette hémorragie humaine prive la RDA de main-d'œuvre et montre à la face du monde la faible adhésion à la soviétisation de l'Allemagne de l'Est. En 1961, les Soviétiques prennent la décision de faire supprimer par la RDA la ligne de démarcation berlinoise en construisant un mur, qui deviendra « le mur de la honte ». Cette construction commence les 12 et 13 juin 1961 avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest. Puis les Soviétiques choisissent une date idéale pour faire exécuter leur oeuvre : le 13 août 1961, soit en plein pont estival pendant lequel nombre de chefs d'État occidentaux sont en vacances. La RDA annonce avoir l'agrément du pacte de Varsovie et présente la construction un « mur de protection antifasciste ». Des unités armées de la RDA encerclent Berlin-Ouest de façon hermétique et la construction du mur se réalise dans un temps record, ce qui signifie qu'elle est le fruit d'une préparation longue et minutieuse. Le mur est bordé de mines anti-personnelles, de pièges pour tanks, de barrières d'alarme... Au mur de 3,5 m de hauteur courant sur 155 km autour de Berlin-Ouest s'ajoutent ensuite les « murs » créés par la fermeture des réseaux de communication ferroviaire et métropolitain entre Berlin-Ouest et Berlin-Est. Sur les 81 points de passage existant avant août 1961, 69 sont fermés dès le 13 août, par des barbelés et des murs de briques. Pour les visiteurs étrangers est assigné un point de passage unique situé dans Friedrich Strasse (Chekpoint Charlie), ouvert jour et nuit. Les échanges économiques cessent entre les deux Berlin : 63 000 berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, et 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est. Pour faire face à cette nouvelle situation, de nombreux grands équipements concernant la culture (opéras), l'éducation (universités), les sciences (parcs zoologiques) sont dédoublés. En 1989, suite au vent de libération impulsé par Mikhaïl Gorbatchev, le gouvernement de la RDA ne parvient plus à enrayer l'émigration car celle-ci utilise un nouvel espace de transit, la Tchécoslovaquie, qui finit, sous la contrainte des milliers de voitures fuyant l'Est, par ouvrir ses frontières avec l'Autriche. Aussi le 9 novembre 1989, Günter Schabowski, membre du bureau politique, annonce-t-il la décision du gouvernement de RDA d'autoriser « les voyages privés à destination de l'étranger [...] sans aucune condition particulière ». Quelques heures plus tard seulement, les douaniers de Berlin ne parviennent plus à faire face à la demande et ne peuvent faire autrement de que de laisser simplement passer. Le mur est vaincu. Puis, fin 1989 et en 1990, il est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit, avant l'organisation d'une démolition officielle qui se termine fin 1991. Six pans ont été toutefois conservés pour mémoire. Toutefois, le mur demeure une cicatrice économique et humaine. Avant la guerre, Berlin était le plus gros et le plus innovant pôle économique et surtout industriel d'Allemagne. Puis Berlin-Ouest, en raison de son statut d'exception s'est retrouvé écartée de tous les secteurs d'entreprise innovants. À Berlin-Est, le système d'économie planifié socialiste, avec des entreprises étatisées et une organisation en grosses entreprises, a entraîné déficience dans l'organisation et la rentabilité de l'économie.

En bordure de la mer de Chine, le Vietnam est une nation de deux mille ans d'âge, colonisée par la France à la fin du XIXe siècle et revenue à l'indépendance en 1954 au terme de la guerre d'Indochine. Mais le pays est alors divisé en deux États rivaux, le Nord-Vietnam pro-soviétique et le Sud-Vietnam pro-occidental. Au Sud-Vietnam éclate une rébellion communiste activement soutenue par le Nord-Vietnam. Elle va déboucher sur une nouvelle guerre dans laquelle vont s'impliquer les États-Unis et leurs alliés d'une part, l'URSS et dans une moindre mesure la Chine populaire d'autre part. Après les accords de Genève du 21 juillet 1954, la division du Vietnam s'est aggravée avec l'instauration au Sud d'une dictature sous la férule de Ngô Dinh Diêm et la création d'un mouvement insurrectionnel d'opposition, le Front national de libération du Viêt-nam du sud (FNL). Ses combattants sont qualifiés péjorativement par leurs adversaires de Viêt-công (« communistes vietnamiens »). Ils bénéficient du soutien actif des soldats de l'Armée Populaire Vietnamienne (APV). Ces « Bô dôi » viennent du Nord-Vietnam selon un plan de conquête échafaudé par le gouvernement communiste de Hanoi. À partir de 1961, le président américain John Fitzgerald Kennedy envoie quelques troupes déguisées en conseillers militaires. Il veut à tout prix sauver le régime de Diem pour éviter une chute en cascade des derniers régimes pro-occidentaux d'Asie, selon la « théorie des dominos » formulée par l'ancien président Eisenhower. Mais le 11 juin 1963, un moine bouddhiste s'immole par le feu au centre de Saigon pour protester contre les « persécutions » à l'égard de sa communauté. D'autres moines suivent son exemple. L'émotion contribue au renversement de Diêm par une junte militaire. Prenant prétexte de l'« agression » de l'agression de deux destroyers dans le golfe du Tonkin, le président américain Lyndon Baines Johnson lance dès le 4 août 1964 les premiers raids américains sur les positions communistes au Sud-Vietnam et obtient du Congrès les pleins pouvoirs militaires pour un engagement contre le Nord-Vietnam. Américains et Vietnamiens commencent à bombarder le Nord-Vietnam le 7 février 1965. Mais ils n'arrivent jamais à couper la fameuse « piste Ho chi-Minh » et les navettes maritimes par lesquelles transitent, du nord au sud, hommes et matériels. L'escalade atteint son maximum avec le bombardement des villes du Nord-Vietnam, à partir du 29 juin 1966. Le général William Westmoreland, commandant du corps expéditionnaire, obtient dès 1965 l'envoi de marines combattants et non plus seulement de conseillers. En 1968, on en arrive à compter plus de 500 000 Américains en uniforme au Sud-Vietnam. Ces soldats et leurs alliés (50 000 Sud-Coréens, 7500 Australiens, 500 Néo-Zélandais, 2000 Philippins, 8000 Thaïlandais) sont néanmoins en minorité à côté du million de soldats engagés dans l'armée sud-vietnamienne. Laos et Cambodge voisins sont bientôt entraînés dans la guerre malgré eux. Sur les trois pays indochinois sont lâchées trois fois plus de bombes que pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Des défoliants chimiques, le napalm et l'« agent orange », sont utilisés à très grande échelle. L'US Air Force s'en sert pour brûler le couvert végéral, les habitations en bois et les récoltes, avec des effets ravageurs à très long terme. En février 1968, cette deuxième guerre d'Indochine (après celle qui opposa les communistes vietnamiens aux Français) arrive à un tournant avec une contre-offensive massive du Vietcong, l'« offensive du Têt » (du nom de la grande fête du Nouvel An vietnamien). Sur les campus de Californie et bientôt de tout le monde occidental, la contestation monte en flèche. Les désertions se font plus nombreuses... La révélation en novembre 1969 du massacre de My Lai n'arrange pas les choses. Le président républicain Richard Milhous Nixon, élu en novembre 1968 et réélu quatre ans plus tard, fait preuve de réalisme. En 1970, il entame le retrait de ses troupes et, en 1973, il conclut les accords de paix de Paris par lesquels les États-Unis s'engagent à retirer toutes leurs troupes dans les 60 jours et le Nord-Vietnam à libérer tous ses prisonniers américains. La guerre va se poursuivre entre Vietnamiens jusqu'à la chute de Saigon, deux ans plus tard, en laissant un bilan accablant du côté vietnamien. Les Américains déplorent 58 000 morts (environ deux fois moins que pendant les quelques mois de leur intervention dans la Première Guerre mondiale). Les Vietnamiens, quant à eux, auraient perdu un total de 3,8 millions de civils et militaires selon Robert McNamara, soit près de 8 % de leur population. À quoi s'ajoutent les blessés, les mutilés et les victimes du napalm et de l'« agent orange ».

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Dominique RECH