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02 Jan

Historien : Antoine Prost

Publié par Dominique Rech  - Catégories :  #Historien(ne)s, #Histoire contemporaine

Antoine Prost, professeur à la Sorbonne (Paris I), Antoine Prost est un historien de la société française au XXème siècle, spécialiste de l'éducation. Il a notamment publié une Histoire de l'enseignement en France (1800-1967).

Tout ce qu'il faut savoir sur l'histoire et le métier d'historien. En douze chapitres, qui proviennent d'un cours donné à la Sorbonne, Antoine Prost démonte clairement les étapes de la méthode historique, tout en replaçant l'histoire et l'historien dans la société contemporaine et dans sa profession. Cet ouvrage est à la fois un traité d'initiation et un travail de réflexion nourri par d'amples lectures et une pensée originale.

Mon opinion : un ivre inspirant pour nombre d'historiens !

Du 21 février au 19 décembre 1916, les armées françaises et allemandes s'affrontent à Verdun. Écrite par deux grands historiens de la Grande Guerre, l'un allemand, l'autre français, cette histoire de la plus célèbre des batailles est la première à croiser les deux points de vue.Verdun a été la bataille la plus longue, la plus dévastatrice - 700 000 pertes, dont 300 000 morts- et la plus inhumaine de la Première Guerre mondiale : violence extrême des combats, souffrances inouïes des soldats sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire dérisoire.Cent ans plus tard, la bataille de Verdun interroge toujours autant les historiens. Pourquoi a-t-elle eu lieu et a-t-elle duré presque un an ? Comment s'expliquent les premiers succès allemands ? Pourquoi et comment les Français ont-ils résisté ? Pourquoi cette bataille a-t-elle dans la mémoire française un statut si exceptionnel ? Avec finesse et perspicacité, Antoine Prost et Gerd Krumeich s'unissent pour suivre les soldats et leurs chefs des deux côtés de la ligne de front. En décrivant avec minutie leur quotidien et en suivant l'évolution de l'opinion publique, de 1916 à nos jours, ils racontent comment s'est construit le « mythe » Verdun, jusqu'à devenir le symbole même de la Grande Guerre.

Mon opinion : un superbe ouvrage confrontant le point de vue de 2 grandes nations alors ennemies, à travers 2 historiens de renom !

La question des origines de la Grande Guerre préoccupe les historiens. Pour deux raisons majeures : parce qu'elle est la première guerre totale de l'histoire ; parce que, détruisant un ordre ancien, elle inaugure l'ère des totalitarismes. Qui donc fut responsable du déclenchement de la Grande Guerre ? Existe-t-il même un responsable, ou les nations ont-elles basculé plus ou moins sciemment dans la guerre ? Les politiques ont-ils fait preuve d'aveuglement et d'inconséquence ? Gerd Krumeich, l'un des meilleurs spécialistes de 1914-1918, apporte une réponse frappante : l'Allemagne a joué le tout pour le tout et s'est servi de l'attentat de Sarajevo pour devancer une éventuelle agression de la Russie et de son allié français.  Ce fut non pas la soif d'une suprématie internationale qui fut à l'origine de la crise mais une peur panique de l'avenir. Face au « péril russe », mieux valait déclencher la guerre « maintenant que plus tard ». Mais aucun des dirigeants politiques et militaires n'avait prévu ce que deviendrait le conflit, aucun d'eux n'avait imaginé l'horreur que seraient les batailles de Verdun et de la Somme.

Pourquoi Verdun ? Longtemps occultées par le bilan humain désastreux et les renforts de haine qui s’ensuivirent, les raisons de cette bataille méritaient en effet d’être à nouveau très sérieusement évaluées. A cette question, les deux historiens répondent en réalité globalement selon une idée que partagent aussi beaucoup de leurs plus avisés confrères. Ainsi, dans son éclairant Petit Livre de la Grande Guerre (paru en 2008), l’historien Jean-Yves Le Naour résume avec une belle concision ce qui aura vraiment mis le feu aux poudres : « De 1914 à 1917, les états-majors français et allemand communient dans le mythe de la percée, c’est-à-dire dans la volonté de rompre les lignes ennemies pour reprendre la guerre de mouvement ». On ne saurait voir autrement que cette stratégie s’inscrivait plutôt en cohérence avec la logique militaire du départ des hostilités, à savoir la politique de l’offensive à outrance si prisée des états-majors respectifs. Dotés d’un regard gagné par le recul, les co-auteurs rappellent cependant qu’entre les responsables militaires du Kaiser existait formellement au temps relaté une divergence d’appréciation pour orienter la guerre à l’avantage du Reich et de ses alliés. Grand chef du GQG allemand qui remplaça assez tôt Moltke sur le front occidental, Falkenhayn opposait alors sa vision d’une offensive prioritaire sur le front français face à celle de ses deux rivaux, Hindenburg et Ludendorff, fervents partisans d’une résolution préalable des hostilités par une victoire sur les lignes orientales (essentiellement russe), où ils opéraient de ce temps d’ailleurs avec succès. Avec l’approbation de Guillaume II et les incitations du kronprinz, après que Belfort fût un instant pointé comme cible, c’est bien pourtant sur Verdun que porterait une offensive allemande d’ampleur au tout début de 1916.

« … le but réel était d’ouvrir une plaie profonde dans le corps de la France et la tenir continuellement ouverte de manière qu’à la longue l’hémorragie entraîne la mort » (p.23). Extraite du fameux « mémorandum de Noël » qu’aurait prétendument remis Falkenhayn à Guillaume II en fin d’année 1915, cette conception inspire ici un sévère doute retenu face à la date de rédaction du document lui-même. Notre couple d’historiens binationaux s’insurgent en effet contre cette pièce apparemment factice et établie, selon eux, bien après la guerre. La décision la plus probable à retenir reste donc que le général allemand du front occidental nourrissait « l’idée d’infliger à la France une défaite telle qu’elle provoquerait la rupture de son alliance avec l’Angleterre » (p.25). A la tête de la cinquième armée allemande, Knobelsdorf s’en tenait de son côté et dans son mémoire (attesté celui-là) rédigé le 4 janvier 1916 au nom du Kronprinz à une attaque « brusquée sur Verdun ».

L’ignorance présumée du haut état-major germanique de la faiblesse défensive des Français sur ce secteur peut paraître assez douteuse quand, nous dit-on, par un recours massif d’artillerie, l’attaque allemande visait essentiellement la « redoutable » ligne de forts que regroupait le site (avec, notamment, le fort de Douaumont désarmé l’année d’avant). Au détail près que Falkenhayn ne pouvait effectivement connaître à l’avance le camouflet militaire qu’il essuierait après cette offensive lourde mais finalement sans gain territorial, quitte à relativiser ici l’insurrection des deux auteurs, les aspirations du mémorandum de Noël ne paraissent, en définitive, pas si éloignées de ce que fut l’intention allemande de départ. Même si l’ambition de « saigner à blanc l’armée française » à l’occasion de l’offensive sur Verdun ne fut pas le moteur exact qui déclencha ainsi l’opération « Gericht » (« Jugement »), on reste, indépendamment des deux auteurs, tout de même assez près d’observer que cette intention se sera finalement traduite dans un aboutissement comparable. On retiendra surtout du côté du susnommé général allemand qui invitait durant ce temps ses soldats à « marcher sur les cadavres », ce fanatisme et même ce délire guerrier où le sort destiné à sa propre troupe ne se réservait pas davantage aux sentiments d’humanité que s’agissant de l’adversaire. Au pays de Freud, peut-être y-avait-il chez ce militaire (et certains autres) une matière de transfert libidinal à étudier mais sur laquelle nos analystes n’auront pas poussé leur travail ? Tant de canons en érection bientôt projetant leur substance… ; un million d’obus le premier jour sur Verdun entre sept et dix-sept heures : un véritable orgasme de galonné…, en attendant les performances supérieures d’un petit caporal à moustache carrée, plus tard débordant des mêmes pulsions frénétiques…

Côté français et du haut état-major de Joffre, plutôt qu’un éclair de génie, décèle-t-on finalement l’inespéré trait de « lucidité » (plutôt que de sagesse) de celui qui s’entêta dès les premières alertes à dénier l’imminence d’une offensive percutante sur les bords de Meuse. Ce sursaut de clairvoyance intervint en effet lorsqu’il prit soin de maintenir en place, notamment le très connaisseur du terrain Barescut, puis lorsque, sous l’incitation de Castelnau, le même faisait bientôt appel à Pétain pour contrecarrer l’agression (plus tard et en chanson : « sauveur de la France ! »). Sans doute de telles mesures adoptées à l’urgence face à une situation quasi désespérée amenèrent alors au renversement progressif de la donne. Mais il aura fallu compter avant tout sur la détermination, et plus même encore sur la motivation obstinée du poilu à tout prix maintenu en ligne sur cette fameuse « rive droite » qui deviendrait par le fait aussi la plus vaste esplanade mortuaire jamais creusée sur terre. Il n’est pourtant pas dit que le haut état-major dut endosser à lui seul la responsabilité de l’hécatombe humaine connue là. Dans sa biographie consacrée à Aristide Briand, Georges Suarez faisait en effet tenir au président du Conseil d’alors ce propos qu’il aurait adressé à Joffre durant ce temps : « Si vous abandonnez Verdun, vous serez des lâches, vous entendez ! Et ce n’est pas ce jour-là que le général en chef me donnera sa démission. Il me la donnera aujourd’hui-même » (p.188). Il sembla s’agir, donc encore et avant tout pour de très en vue hommes politiques, de se maintenir au pouvoir…, le prix du sacrifice citoyen clairement subordonné à quelque carrière. « Courage on les aura ! ». A partir de son centre d’opérations cantonné en arrière des lignes à Souilly, cette harangue, adressée par le général Pétain aux soldats, longtemps était, nous dit-on, saluée comme un trait d’empathie pour le combattant français de la sorte acquis et intraitable à la défense de son territoire. Si tant est que la magie de ce propos conserve en ce livre une part de vertu dans le redressement qui s’opéra dès cet instant, tout comme certains soldats qui le reçurent en direct, le lecteur d’aujourd’hui pourrait tout aussi bien entendre à travers lui : « soyez les cadavres que fouleront bientôt les soldats de Falkenhayn en les retardant à rompre notre quiétude ! ». Pour de plus lucides et de plus « chanceux » survivants, sans doute cette tranquillité serait-elle également le présage d’une ultérieure « paix de Montoire » ?

« Est-il besoin de le dire ? Ce livre a été conçu et réalisé pour “servir” le centenaire de la bataille» (p.260). Faut-il croire que, comme pour les textes bibliques et notamment les Evangiles, seuls quelques apôtres attitrés lors de conciles seraient finalement fiables aux dires du vrai ? A l’heure d’une Europe pacifiée et peut-être même lénifiante, où il est pratiquement devenu tabou de reconnaître les torts des uns plutôt que des autres lors des méfaits passés, la vérité de l’histoire sort-elle grandie de l’anesthésie diplomatique en usage et que peut sembler pratiquer encore le présent ouvrage sous sa manière de présentation objective, puisque faisant parler les légitimités nationales par la voix de descendants des ennemis d’hier ? Une réserve prudente allie fort heureusement nos deux témoins sur ce thème qui, sans se lancer très avant sur une polémique préjudiciable à l’entente sacrée du drapeau bleu étoilé, reconnaissent pourtant les façons subsistantes et divergentes de célébrer la messe. « Notre première découverte fut donc de réaliser combien sont différentes, cent ans plus tard, les façons d’envisager les mêmes faits selon l’appartenance nationale » (p.259). Hé oui ! dans son âme la France reste rurale et jalouse de sa spécificité. Dans chaque village hexagonal (ou presque) les noms coutumiers de toutes les victimes locales apparaissent encore gravés dans le marbre, que ne renverseront ni la très « ventée » voiture du peuple (char d’assaut…tôt), ni l’« euromark » de Madame Merkel, même au moyen des artilleries lourdes d’un libéralisme bulldozer. Bien sûr, peu à peu, le drapeau français change de référence identitaire. Mais après cent ans d’érosion, le béton des monuments sur lequel il flotte n’est toujours pas fissuré… Verdun, village gaulois ? Est-il aujourd’hui si stupide de célébrer la résistance et le mode réfractaire au pas de l’oie du compresseur… devenu économique et financier ?

En dépit des questions qu’ils ne posent pas ou qu’ils évitent de prolonger sur la consommation actuelle du souvenir symbolique de Verdun, on ne saurait pourtant assez complimenter ce livre et ses rédacteurs pour la qualité supplémentaire des informations délivrées. Il vaut toujours mieux en savoir un peu plus que pas assez.

 Vincent Robin

http://www.lacauselitteraire.fr/verdun-1916-antoine-prost-gerd-krumeich

C'est seulement autour de 1940 qu'on parle de la Belle Époque. Ces quelques années qui précèdent la Première Guerre mondiale ont suscité beaucoup de curiosité, maintes recherches, mais il en a rarement été donné un tableau d'ensemble. Tel est l'objet du présent ouvrage. Il a l'ambition d'embrasser toutes les facettes de ces deux décennies brillantes, remuantes, d'un essor économique remarquable, d'une créativité sans égale, traversées néanmoins de conflits récurrents, violents, parfois meurtriers. Antoine Prost va à la rencontre des Français dans leurs villages, leurs quartiers, leurs échoppes, leurs ateliers ... Il interroge leur quotidien, leurs traditions, leurs habitudes alimentaires, leur manière de se vêtir, leur hygiène précaire, leur intimité... Il restitue les passions qui les travaillent et les opposent, sur la place des ouvriers dans la cité, la religion, l'école, la laïcité - en plein conflit entre l'Église et l'État ; mais aussi sur la mission de l'armée dans la République, alors que la France achève ses conquêtes coloniales, fière d'être redevenue une grande puissance. À la veille d'une guerre que peu voient venir, la France est-elle en mesure de la soutenir ? Cette société divisée entre des élites toujours puissantes et un peuple toujours pluriel d'où commencent à émerger des classes moyennes a pourtant trouvé dans la République son principe d'unité. Tel est le legs méconnu de la Belle Époque. En la revisitant, ce livre fait comprendre comment le pays a pu traverser sans se défaire quatre années d'épreuves terribles qui allaient le transformer en profondeur.

Le XXe siècle est celui de l'explosion scolaire. Et en même temps, de la multiplication des questionnements. Parents, éducateurs, pouvoirs publics s'interrogent sur ce qui se passe - ou ne se passe plus - dans les écoles, les lycées, les universités ; ils s'étonnent des comportements des jeunes entre eux et dans leurs familles ; ils comprennent mal leur façon d'appréhender l'avenir et de vivre le présent. Ce livre apporte des réponses à ces questions en combinant l'histoire de l'enseignement, l'histoire de l'institution scolaire, l'histoire de la place de l'enfant dans les familles et l'histoire des transformations sociales qui ont affecté la France. En organisant son propos tantôt à partir des clivages entre classes sociales, tantôt à partir des articulations entre classes d'âge, Antoine Prost offre une synthèse sans équivalent des bouleversements intervenus depuis les années 1930. Cet ouvrage de référence constitue aussi le guide le plus éclairé pour comprendre les enjeux de l'éducation aujourd'hui.

La Première Guerre mondiale a suscité dans le monde entier des dizaines de milliers d'ouvrages. L'intérêt pourtant ne faiblit pas et chaque année voit publier de nouveaux livres. Mais personne, jusqu'ici, n'avait tenté de faire l'histoire de cette immense production historique.

Le projet des deux auteurs, un français et un américain, est de comprendre comment des générations d'historiens mais aussi des cinéastes, des muséologues, ont pensé la guerre, et de mettre en évidence les logiques qui ont structuré leur travail. L'enquête démontre qu'il y a plusieurs façons de penser la guerre, plusieurs façons de penser une même histoire qui répondent à des logiques différentes et conduisent à des résultats différents " que l'on doit accepter dans leur complémentarité voire dans leur étrangeté mutuelle ".

Ce livre dépasse les clivages nationaux et rend les dialogues possibles en montrant comment les interprétations controversées de la Grande Guerre sont autant de réponses à des questions elles-mêmes dictées par un présent qui ne cesse de changer.

Né en 1887, mort en 1976, René Cassin est resté toute sa vie un soldat de la Grande Guerre. Elle le saisit à la fin de ses études. Grièvement blessé en 1914, il met des mois à se remettre. Cette expérience change sa vie : il ne sera pas seulement un grand professeur de droit, mais aussi un militant des droits des victimes du conflit au sein de la plus grande association : l’Union fédérale des mutilés. Persuadé que seule la solidarité internationale peut empêcher le retour de la guerre et de ses horreurs, il fonde un mouvement international d’anciens combattants, une ONG avant la lettre, ce qui lui vaut d’être l’un des délégués de la France à la SDN de 1924 à 1938. Mais l’approche de la Seconde Guerre mondiale ruine ses espoirs. Accablé par la débâcle et la soumission à Hitler, il refuse l’armistice et rejoint dès juin 1940 de Gaulle qui lui confie de hautes responsabilités. Il joue un rôle central dans le rétablissement de la légalité républicaine, puis préside le Conseil d’Etat de 1945 à 1960.
    A Londres, puis à l’ONU, il contribue à préciser les buts de guerre alliés pour instaurer un « nouvel ordre international » démocratique qui limite la souveraineté des Etats en affirmant la priorité des droits de l’Homme : l’idée qu’au-dessus des lois il existe des principes généraux du droit qui s’imposent à tous. En 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme couronne cette action collective. Le Prix Nobel de la paix consacra en 1968 sa notoriété internationale. Onze ans après sa mort, en 1987, sa dépouille a été transférée au Panthéon.
    Nourrie d’abondantes sources et pièces d’archives inédites, cette biographie de René Cassin retrace une vie et une action imprégnées des espoirs et cauchemars de toute une génération, celle de 1918, qui initia le mouvement de défense des droits de l’Homme, omniprésent dans le monde d’aujourd’hui.

    Jay Winter et Antoine Prost, professeurs d’histoire l’un à l’Université de Yale, l’autre à la Sorbonne, tous deux auteurs de nombreux ouvrages, ont été réunis par l’histoire de la Première Guerre mondiale à laquelle ils ont déjà consacré ensemble un ouvrage : Penser la Grande guerre (Seuil, 2004).

En 1936, à 32 ans, Jean Zay se voit confier par Léon Blum le ministère de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. Il démocratise et modernise le système scolaire français. Il crée le CNRS, le Musée de l'Homme,le Festival de Cannes, le Musée d'Art Moderne, l'ENA. Il favorise la création artistique. Il défend les droits de l'écrivain. Il est sans relâche violemment attaqué par l'extrême-droite française comme ministre du Front Populaire, antimunichois,juif et franc-maçon. En 1940, hostile à l'armistice,il est l'une des premières cibles du régime de Vichy. Après un simulacre de procès,il est emprisonné à Riom, jusqu'à son assassinat par la milice, le 20 juin 1944. Il n'a pas 40 ans.

La question des origines de la Grande Guerre préoccupe les historiens. Pour deux raisons majeures : parce qu'elle est la première guerre totale de l'histoire ; parce que, détruisant un ordre ancien, elle inaugure l'ère des totalitarismes. Qui donc fut responsable du déclenchement de la Grande Guerre ? Existe-t-il même un responsable, ou les nations ont-elles basculé plus ou moins sciemment dans la guerre ? Les politiques ont-ils fait preuve d'aveuglement et d'inconséquence ? Gerd Krumeich, l'un des meilleurs spécialistes de 1914-1918, apporte une réponse frappante : l'Allemagne a joué le tout pour le tout et s'est servi de l'attentat de Sarajevo pour devancer une éventuelle agression de la Russie et de son allié français.  Ce fut non pas la soif d'une suprématie internationale qui fut à l'origine de la crise mais une peur panique de l'avenir. Face au « péril russe », mieux valait déclencher la guerre « maintenant que plus tard ». Mais aucun des dirigeants politiques et militaires n'avait prévu ce que deviendrait le conflit, aucun d'eux n'avait imaginé l'horreur que seraient les batailles de Verdun et de la Somme.

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