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12 Dec

Historienne : Annette Wieviorka

Publié par Dominique Rech  - Catégories :  #Histoire contemporaine, #Deuxième Guerre Mondiale, #XXe siècle, #Historienne, #Shoah, #Bibliothèque historique

Annette Wieviorka, née le à Paris, est une historienne française, spécialiste de la Shoah et de l'histoire des Juifs au XXe siècle depuis la publication en 1992 de sa thèse, Déportation et génocide : entre la mémoire et l'oubli, soutenue en 1991 à l'université Paris-Nanterre2.

Biographie

Enfance et famille

Les grands-parents paternels d'Annette Wieviorka, Juifs polonais, ont été arrêtés à Nice pendant la guerre et sont morts à Auschwitz. Le grand-père, Wolf Wieviorka, est né le à Żyrardów. La grand-mère, Rosa Feldman, est née le à Siedlce. Leur dernière adresse à Nice est au 16 rue de la Reine-Jeanne. Ils sont déportés par le convoi no 61, en date du , du camp de Drancy vers Auschwitz. Le père d’Annette Wievorka, réfugié en Suisse, et sa mère, fille d’un tailleur parisien, réfugiée à Grenoble, survécurent à la guerre3,4. Elle est la sœur de Michel, Sylvie et Olivier Wieviorka.

Elle grandit à Vanves, en banlieue parisienne, puis à Ermont, en Seine-et-Oise. Elle fréquente l'école publique, qui a pour elle « une importance capitale ». Elle pratique le scoutisme laïque, au sein des Éclaireurs de France5.

En 2022, elle publie le livre Tombeaux, conçu comme une « autobiographie de [sa] famille »6.

Formation

Annette Wieviorka est agrégée d'histoire (1989) et docteur en histoire (1991). Sa thèse, dirigée par Annie Kriegel, s'intitule Déportation et génocide : oubli et mémoire 1943-1948 : le cas des juifs en France. Cette thèse a donné lieu à une publication en 1992 par Plon7. Elle est rééditée en 2003 aux éditions Hachette.

Engagements

Durant les années 1970, Annette Wieviorka est engagée politiquement dans le mouvement maoïste. En 1970, elle effectue un premier voyage en Chine. Le Monde note qu'elle n'a « rien pu ou voulu voir des massacres de masse et de la nature totalitaire du régime communiste, dont la brutalité était pourtant à son paroxysme en pleine Révolution culturelle ». De 1974 à 1976, elle y revient, comme professeur de langue française à Canton. Commentant son ouvrage Mes années chinoises (2021), où elle reprend une bonne partie de la matière de son premier livre L'Écureuil de Chine publié en 1979, elle indique avoir alors été comme d'autres « dans un mouvement d’admiration pour la révolution chinoise qui nous empêchait de découvrir la réalité du régime »8. Elle se remet pourtant en cause à son retour : « Quand je suis rentrée en France, j’ai traversé une période de crise profonde, une grave dépression au cours de laquelle j’ai remis en cause tout ce que je pensais, tout ce en quoi je croyais »5.

Elle est membre du comité de soutien de l'Association Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique)9.

Elle est élevée en 2021 à la dignité de grand-officier dans l'ordre national du Mérite10.

Carrière universitaire

Directrice de recherche au CNRS11, elle a été membre de la mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France, dite mission Mattéoli12.

Elle est membre du comité d'orientation de l'association Siriaténou, consacrée au livre juif.

Elle est directrice de recherche honoraire au CNRS13, et vice-présidente du Conseil supérieur des archives14 depuis 201913, (elle succède à Christine Nougaret, professeure à l’École nationale des Chartes15).

Vie privée

Annette Wieviorka a épousé en 1970 Roland Trotignon, dont elle a eu un fils, Nicolas, mathématicien, directeur de recherche au CNRS. Elle s'est ensuite remariée avec Henri Raczymow, avec qui elle a eu une fille, Mathilde.

L'heure d'exactitude : Histoire, mémoire, témoignage

L'heure d'exactitude : Histoire, mémoire, témoignage16 est un livre d'entretiens d'Annette Wieviorka réalisé à partir d'une interview de Séverine Nikel17, paru chez Albin Michel en 2011.

Dans ce livre, elle tente une synthèse de la mémoire de la Shoah et ses évolutions marquantes et s'efforce de répondre au pourquoi du succès actuel de cette question, les malentendus qu'il implique, le sens du devoir de mémoire et de ce qu'est un témoin et s'intéresse à la portée de cette notion.

Elle note les progrès réalisés dans la diffusion de cette notion, du travail de mémoire accompli depuis les débuts où il n'y avait guère que « les cadres sociaux de la mémoire de Halbwachs ou l’entretien de Pierre Nora avec J.-B. Pontalis, paru dans la Nouvelle revue de psychanalyse. » Il s'est produit une conjonction entre la volonté des porteurs de mémoire d'apporter leur témoignage et des historiens. La mémoire de la Shoah est devenue un des socles de l’unification européenne, non sans répercussions sur la reconstruction historique, les témoignages et leurs enjeux.

L'ère du témoin

Dans cet ouvrage, en 1998, Annette Wieviorka montre que le témoignage est devenu une pratique non seulement courante, mais impérative : recueil de témoignages, collecte d'archives, histoire orale, etc. Il s'agit de témoigner sur les mondes disparus, mais aussi sur les expériences vécues par les acteurs. En ce sens, l'« ère du témoin » constitue un tournant mémoriel, mais aussi historiographique. À ce propos, Yves Chevalier fait remarquer que le témoignage arrive au croisement d'un défi, « traiter avec respect la souffrance d’autrui tout en gardant la liberté de jugement nécessaire à l’élaboration d’un discours scientifique sur les faits »18.

Tombeaux

À propos de Tombeaux, le magazine Télérama écrit que « ce livre est vraiment bien plus qu’un hommage : un accomplissement »19.

À propos de son livre, elle déclare en 2022 : « Toute ma vie, j’ai tourné autour de ce livre, peut-être mon dernier, par exemple en interviewant mon père dans les années 1970. J’ai mis du temps à me lancer, et j’ai souhaité me détacher de la veine un peu psychanalytique qui explore "ce que la Shoah nous a fait". J’ai essayé de m’effacer pour faire revivre mes ancêtres, sans pathos ni surplomb »20.

Publications

Filmographie

  • Le procès d'Adolf Eichmann, écriture par Annette Wieviorka et Michaël Prazan, réalisation de Michaël Prazan, 1997.
  • 14 récits d'Auschwitz, série documentaire proposée par Annette Wieviorka, créatrice et écrivaine, avec Henri Borlant, réalisation de Caroline Roulet, 2002.
    Ce documentaire a été réalisé dans le cadre de la participation d'Annette Wieviorka au programme Fortunoff Video Archive for Holocaust Testimonies (en) de l'université Yale. Tout en notant son sentiment ambivalent en tant qu'historienne à l'égard de ces témoignages des survivants de la Shoah dont certains ont un caractère « si imprécis et, osons le dire, parfois fantaisiste » alors que d'autres « en revanche, sont exceptionnels et permettent parfois à ceux qui ont raconté pour la première fois leur histoire, comme Stanislaw Tomkiewicz ou Henri Borlant d'entreprendre la rédaction d'un livre », Annette Wieviorka souligne leur importance « pour les survivants et aussi pour leur descendance »21.
  • Témoignages pour Mémoire, écriture par Annette Wieviorka, Geneviève Decrop, Claudine Drame, et Régine Waintrater (traduction anglaise de Ruth Rachel Anderson-Avraham, aussi productrice du film), réalisation de Claudine Drame, 2007.
  • Le procès d'Adolf Eichmann (Infrarouge), écriture par Annette Wieviorka et Michaël Prazan, réalisation de Michaël Prazan, 2011.

Extraits de la source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Annette_Wieviorka

Allemagne, octobre 1945. Les Alliés, vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, s’apprêtent à juger les crimes commis par le IIIe Reich. Durant un an, sous les yeux attentifs de la presse du monde entier, une vingtaine de hauts dignitaires du régime nazi vont devoir répondre de leurs actes devant les magistrats du Tribunal militaire international. S’appuyant sur les minutes du procès et des témoignages, Annette Wieviorka raconte Nuremberg, cet événement majeur du xxesiècle, de sa genèse, au début de la guerre, jusqu’à ses répercussions lointaines concernant la création d’une justice internationale.

source : https://www.fnac.com/a10115384/Annette-Wieviorka-Le-proces-de-Nuremberg

Le 21 février 2024 Missak Manouchian entre au Panthéon, avec son épouse, Mélinée. L’histoire des Arméniens mérite d'être connue et reconnue. Missak, le militant, le résistant est une figure digne d'être honorée. Mais je suis saisie par un double sentiment, celui d'une injustice à l'égard des 21 autres résistants étrangers fusillés en même temps que lui par les nazis et d'Olga Bancic guillotinée ; celui d’un malaise devant un récit historique qui distord les faits pour construire une légende. Or, à l'époque des « vérités alternatives », si on souhaite donner une leçon d'histoire, la moindre des précautions est de l’établir.

source : https://www.fnac.com/a18796212/Annette-Wieviorka-Anatomie-de-l-Affiche-rouge-provisoire

« Ce livre est vraiment bien plus qu’un hommage : un accomplissement. »
Valérie Lehoux, Télérama


Lors du décès d’une tante sans descendance, Annette Wieviorka réfléchit aux traces laissées par tous les êtres disparus qui constituent sa famille, une famille juive malmenée par l’Histoire. Il y a le côté Wieviorka et le côté Perelman. Wolf, l’intellectuel yiddish précaire, et Chaskiel, le tailleur taiseux. L’un écrit, l’autre coud. Ils sont arrivés de Pologne à Paris au début des années 1920. Leurs femmes, Hawa et Guitele, assument la vie matérielle et celle de leurs enfants.
L’historienne plonge dans les archives, les généalogies, les souvenirs. Par ces vies et ces destins recueillis, on traverse un siècle cabossé, puis tragique : la difficile installation de ces immigrés, les années politiques, la guerre, Auschwitz et son lot de morts, le difficile retour à la vie marqué par un autre drame. Un récit en forme de tombeaux de papier qui font œuvre de sépultures.


Annette Wieviorka est directrice de recherche émérite au CNRS. Spécialiste mondialement reconnue de la mémoire de la Shoah, elle a notamment publié Auschwitz expliqué à ma fille (Seuil, 1999), 1945. La Découverte (« Points Histoire », 2016) et récemment Mes années chinoises (Stock, 2021).

source : https://www.fnac.com/a18125239/Annette-Wieviorka-Tombeaux-Autobiographie-de-ma-famille

Spécialiste de l’histoire du génocide et de la construction de la mémoire, Annette Wieviorka développe dans ce livre les relations entre le témoignage et l'histoire, distinguant trois phases dans l’histoire du témoignage. Durant les premières années d'après-guerre, les témoins veulent rappeler ce qui s’est passé, mais ne sont guère entendus. À partir du procès Eichmann, les témoignages sont au contraire sollicités, dans une perspective judiciaire. Enfin, à l'ère du témoin, le témoignage relève d’un véritable impératif social et non plus d’une nécessité intérieure.
Analysant avec beaucoup de finesse ces variations dans le statut du témoignage sur le destin des juifs d'Europe, l’auteur met en lumière un débat dont la portée est plus générale, car il concerne la possibilité même d’écrire l’histoire. Annette Wieviorka plaide néanmoins pour une écriture de l’histoire lucide, afin que coexistent témoignages et œuvres historiques.

Annette Wieviorka est directrice de recherche au CNRS. Elle est notamment l’auteur de Maurice et Jeannette. Biographie du couple Thorez (Fayard, 2010), de À l’intérieur du camp de Drancy, avec Michel Laffitte, (Perrin, 2012) et, dans la collection « Pluriel » de Déportation et génocide, entre la mémoire et l’oubli et de Auschwitz, la mémoire d’un lieu.

source : https://www.fnac.com/a4914729/Annette-Wieviorka-L-ere-du-temoin

À la fois étude et document, la réédition d'un ouvrage majeur – le premier consacré à ce sujet en France – dédié au retour des déportés en 1945. Un nouveau titre de la collection " Archidoc ", essais abordables au format pratique pour rendre intelligibles les plus grandes questions de notre Histoire.

1945, la guerre est finie. Pour certains, l'attente commence. Celle d'un proche, d'un parent disparu sans laisser de trace. Lorsque les Alliés libèrent les camps, c'est sur l'horreur du système nazi qu'ils ouvrent les portes. Nul n'imaginait l'ampleur et le sens véritable de la " Solution finale ".

Au ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, Olga Wormser-Migot coordonne pendant " neuf mois mortels " les recherches de personnes déportées. Vingt ans plus tard, elle s'en fera l'historienne en publiant ce livre qui retrace " la découverte au jour le jour, d'août 1944 à mai 1945, de la réalité concentrationnaire ". C'est elle, notamment, qui révèle les atrocités du Struthof, recueille les premiers témoignages d'Auschwitz, fait connaître " l'aventure du Lutetia ".

Devenu un classique, ce travail pionnier raconte " comment on ne savait rien, ou si peu ", et permet de " comprendre les incroyables difficultés rencontrées par les femmes et les hommes dont le seul souci était le destin de ceux qui avaient été transportés vers l'Est ", écrit Annette Wieviorka dans sa préface.

source : https://www.fnac.com/a14062570/Olga-Wormser-Migot-Le-Retour-des-deportes-quand-les-allies-ouvrirent-les-portes

Ils s'appelaient Victor Zigelman et Henri Krasucki, Sophie Szwarc et Yanina Sochaczewska, Jacquot Szmulewicz et Étienne Raczymow, Paulette Shlivka et Esther Rozencwajg. Le plus jeune, en 1940, avait quatorze ans, le plus âgé moins de trente. Eux ou leurs parents, nés en Pologne ou en Roumanie, étaient venus en France chercher du pain et la liberté, la sécurité aussi croyaient-ils, car tous étaient juifs. Tous également étaient ou devinrent communistes, et résistants organisés au sein de la main-d'œuvre immigrée (MOI). L'histoire de ces quelques centaines de jeunes gens, enfants de Belleville ou de la rue des Immeubles industriels à Paris, est restée largement méconnue. Pourtant, son importance est déterminante pour la communauté juive elle-même, mais aussi pour l'histoire de la Résistance et de celle, si discutée, du PCF pendant l'Occupation. L'oubli qui les a frappés est d'autant plus surprenant qu'ils payèrent leur action d'un prix démesuré. Seule une minorité en réchappa.
De quel poids pesa leur identité juive, qui faisait planer sur eux une menace permanente, par rapport à leur engagement communiste, qui subordonnait tout à la défense de l'Union soviétique ? Ce dilemme fut dramatique pour beaucoup d'entre eux, notamment pour la sulfureuse Lucienne Goldfarb, dite " la Rouquine ", dont un destin extraordinaire fit après la guerre une tenancière de maison close amoureuse de l'opéra. Ce portrait de groupe saisissant éclaire une page trouble, héroïque et polémique des années noires, qui continuent de hanter la mémoire collective.

Directrice émérite de recherche au CNRS, Annette Wieviorka fut membre de la Mission sur la spoliation des biens des juifs de France, et préside la commission Histoire de l'antisémitisme et de la Shoah de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Spécialiste mondialement reconnue de l'histoire du génocide des juifs et du communisme français, elle a publié Le Procès Eichmann (1989), Déportation et génocide. Entre la mémoire et l'oubli (1992), L'Ère du témoin (1998), Auschwitz expliqué à ma fille (1999), Maurice et Jeannette. Biographie du couple Thorez (2010) et, chez Perrin, À l'intérieur du camp de Drancy, avec Michel Laffitte (2012).

source : https://www.fondationshoah.org/recherche/ils-etaient-juifs-resistants-communistes-annette-wieviorka

Cet ouvrage retrace les phases essentielles de l'affaire Eichman, depuis la capture du criminel de guerre en Argentine jusqu'à son exécution en Israël, en 1962. Annette Wieviorka, historienne et auteure de nombreux essais consacrés à la mémoire de la déportation, analyse les conséquences retentissantes de ce procès sans précédent.

Le 11 avril 1961, à Jérusalem, s'ouvre le procès d'un ancien dignitaire nazi : Adolf Eichmann, responsable logistique de la " Solution finale ", retrouvé l'année précédente en Argentine et enlevé par les services secrets israéliens. Au-delà d'un " Nuremberg du peuple juif ", il s'agit pour Israël de donner au monde une leçon d'histoire.

Était-il légitime d'enlever Eichmann ? Devait-il être jugé par un tribunal israélien ? Ses droits fondamentaux furent-ils bafoués ? Quelles furent ses responsabilités réelles dans le génocide des Juifs ? Et sa vraie personnalité : haut fonctionnaire loyal, antisémite fanatique, exécutant discipliné, ou simple rouage de la " banalité du mal ", comme l'a suggéré Hannah Arendt ?

De l'arrestation d'Eichmann, en mai 1960, jusqu'à son exécution dans la prison de Ramla, le 31 mars 1962, Annette Wieviorka retrace les phases essentielles d'un événement qui fit entrer la Shoah dans l'Histoire. Elle examine aussi les polémiques qui s'ensuivirent quant à l'appréciation des degrés de responsabilité dans la nébuleuse administrative nazie.

source : https://www.fnac.com/a15171114/Annette-Wieviorka-Eichmann-De-la-traque-au-proces

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